Simon Banza, formé à la Gaillette, a officiellement quitté le RC Lens pour Braga. La conclusion d’un parcours pas comme les autres durant lequel il n’a rien lâché, même face aux difficultés.

En validant le départ de Simon Banza vers Braga, le RC Lens a dit « au revoir » à un joueur qui tient une place un peu particulière dans l’historique de la Gaillette. Car si le Racing a formé beaucoup de bons, très bons, voire grands footballeurs, Simon Banza, sans avoir l’aura internationale des figures de proue de la formation à la lensoise que sont Raphaël Varane Serge Aurier, Thorgan Hazard ou Geoffrey Kondogbia, s’est distingué comme l’un des seuls attaquants à démontrer des aptitudes de buteur au plus haut niveau (ndlr : on pourra aussi évoquer Nolan Roux, qui a toutefois fait principalement de la post-formation à Lens et qui a connu 2 saisons à plus de 10 buts, à Brest en L2 en 2009-2020 puis à Metz en 2017-2018 en Ligue 1). Arrivé à 16 ans en provenance de l’Oise, le natif de Creil est bien l’un des tous meilleurs avant-centres formés à la Gaillette et il a encore l’avenir devant lui pour s’imposer comme le numéro un sans discussion, en attendant la relève qui peut y voir un bel exemple de persévérance même s’il n’aura jamais pu s’imposer comme un titulaire en puissance sous les couleurs Sang et Or.

De nombreux partenaires et concurrents différents au fil des années, comme ici Florian Sotoca.

On se souvient encore de ses débuts en Ligue 2 sous la houlette d’Antoine Kombouaré, parti l’arracher à la réserve au cours d’une saison un peu tristounette pour le RC Lens, qui souffrait alors d’un gros déficit en attaque entre un Jonathan Nanizayamo volontaire mais peinant à l’illustrer, un Christian Bekamenga qui n’a pas su s’imposer pour vite repartir et un Pablo Chavarria largement au niveau mais devant se démener pour faire de son mieux aux avant-postes. A l’époque, on louait déjà l’apport du petit Simon Banza dans le jeu, tout en soulignant ses difficultés à marquer. 6 ans plus tard, c’est notamment parce qu’il a trop marqué dans le championnat portugais que Famalicao n’a pas pu payer l’option d’achat évolutive montée à 5 millions d’euros et que Braga, grain de sable régulier dans les chaussures de Porto, du Benfica et du Sporting Portugal, s’est décidé à obtenir ses services pour 4 à 5 millions d’euros.

Un moral d’acier

Simon Banza, ici dans ses premières années chez les pros, lorsqu’il tentait de se faire une place.

Au RC Lens, Simon Banza a montré une volonté de fer pour en arriver là, malgré un parcours accidenté. Après l’exercice 2015-2016, il a dû retourner dans l’ombre quand le club a recruté en attaque avec l’arrivée d’Alain Casanova, disparaissant derrière les Cristian Lopez et autre Kevin Fortuné. De quoi le pousser à un prêt infructueux à Béziers, en National. C’est alors qu’un choix qui pouvait paraitre anodin, qui aurait même pu l’enterrer pour certains à l’époque, a tout changé : en 2017-2018, son passage au Luxembourg à Pétange, a été un déclic. Il revient fort de 13 buts marqués en 21 matches de championnat. Philippe Montanier, arrivé sur le banc, est curieux. Mais le joueur est frappé par le sort au pire moment en étant victime d’une rupture des ligaments croisés dès la reprise. La confiance n’est pas ébranlée pour autant. Lors d’un entretien réalisé à la Gaillette en 2018, alors qu’il attend de faire son retour avec la réserve, il s’était montré très sûr de lui, annonçant qu’après le Luxembourg, il n’était plus le même joueur : «  Tu vois d’autres choses, tu réfléchis, tu changes ta façon de jouer et surtout tu grandis. Dans le football, il faut grandir, prendre en intelligence dans les déplacements, dans la détermination, dans la volonté de marquer des buts. J’avais besoin de prendre de l’expérience ailleurs pour revenir plus fort et c’est ce que j’ai fait. Je suis sûr de moi à 100% », nous lâchait-il, assez impressionnant dans ses certitudes.

La suite ? Il reprend tranquillement avec la réserve puis devient l’un des héros de la fin de saison avec des buts déterminants marqués en tant que joker de fin de match, notamment cette tête inscrite à Troyes pour offrir une victoire épique à Lens en play-off 2 à Troyes, en 2019. Pendant quelques mois, il se fait remarquer en tant que « Supersub », mais marque de plus en plus même si une part de maladresse lui est parfois reprochée. 7 buts en 2019-2020 en Ligue 2, 5 en  Ligue 1 2020-2021… Des statistiques pas explosives mais atteintes en devant partager le temps de jeu avec une rude concurrence et composer avec des critiques parfois sévères. On sentait  que le moteur ronronnait. C’est finalement la saison dernière qu’il a complètement éclaté, à 25 ans, marquant un total de 18 buts (1 en Ligue 1 avec Lens avant de partir, 14 dans le championnat portugais et 3 en Coupe du Portugal). Ce prêt à Famalicao lui a permis de faire valoir ses qualités de buteur en pleine confiance, en enchaînant les matches. C’est maintenant au Portugal, avec ce transfert à Braga qui marque une progression logique en terre lusitanienne et qui va lui offrir une opportunité de se frotter à la scène européenne, qu’il va continuer de grandir. Même si le « petit Banza », comme l’appelait souvent Antoine Kombouaré en conférence de presse, est désormais bien loin.