Un an et demi après son arrivée au RC Lens, Philippe Montanier a été démis de ses fonctions alors que l’équipe occupe la 3e place. Sous ses commandes, les supporters sont passés par bien des émotions sur le plan sportif.

Limogé du RC Lens alors qu’il occupe la 3e place du classement de Ligue 2 à un point du 2e, Ajaccio, Philippe Montanier doit éprouver comme un sentiment de déjà-vu. On se souvient de son éviction de Rennes en janvier 2016 alors que le club breton, peu habitué aux hauteurs du classement de Ligue 1 à l’époque, occupait la 6e place de Ligue 1 à 3 points du 3e. Après Rennes, puis Nottingham Forest en Championship, il quitte un 3e club de suite sur une éviction après ses succès à Boulogne-sur-Mer, Valenciennes sans oublier la Real Sociedad en Liga.

Arrivé au RC Lens durant l’été 2018 pour prendre la suite d’Eric Sikora qui venait de sauver une équipe en ruine de la descente mais qui n’avait pas la confiance d’un staff qui voulait un homme plus expérimenté pour envisager la montée, il a d’abord reconstruit une équipe avec Eric Roy, manager sportif alors en place. L’objectif : monter d’ici 2 ans, avec l’espoir tout de même, si possible, de le faire dès la première année en fonction de la tournure des évènements. Presque à sa plus grande surprise, l’équipe rebâtie de fond en comble démarre très fort la saison 2018-2019. La formation des Yannick Gomis, Jean-Louis Leca, Fabien Centonze ou Mehdi Tahrat suscite beaucoup d’espoirs avec 4 victoires pour débuter sans le moindre but encaissé. L’euphorie grimpe vite autour du Racing. Si cette équipe totalement renouvelée est déjà capable de tels résultats, ne peut-elle pas ne faire qu’aller plus haut ? Mais Philippe Montanier était resté prudent, redoutant un contrecoup et la fin d’un effet de surprise. Ce qui va finir par arriver. Le RC Lens rentre un peu dans le rang mais reste bien placé à la trêve. L’hiver fait tout de même très mal avec une défaite 2-1 à domicile contre Ajaccio ou encore 1-0 pour la reprise au Red Star.

La cruauté d’une montée ratée en barrage, des rêves de Ligue 1 à la peur en quelques semaines

Le RC Lens finit par accrocher la 5e place. L’euphorie gagne de plus en plus le peuple Sang et Or au fil d’un parcours épique avec des succès en play-off 1 et play-off 2 sur le terrain du Paris FC puis de Troyes devant des milliers de supporters accompagnant leur équipe. Philippe Montanier et ses hommes manquent finalement d’un doigt l’accession face au 18e de Ligue 1, Dijon, de façon cruelle et au terme d’une aventure épuisante marquée par 2 prolongations. Un peu à la surprise générale, alors que l’on s’attend à une certaine continuité pour la 2e saison, celle pour laquelle le président Joseph Oughourlian a ouvertement clamé que l’objectif était la montée, les arrivées et départs de joueurs importants, voulus ou non, s’empilent (Yannick Gomis, El Hadji Ba, Mehdi Tahrat, Fabien Centonze, Jean-Kévin Duverne…). Le club doit de plus composer avec une préparation raccourcie en raison des barrages, alors que des joueurs comme Massadio Haïdara et Cheick Doucouré reprennent tardivement suite à leur participation à la CAN.

Encore une fois, à mi-saison, le parcours du RC Lens a plutôt de quoi susciter l’optimisme. Plus encore que la saison dernière, avec un titre de champion d’automne et un total de 40 points .La dernière fois que le Racing a connu ce statut à mi-saison, c’était en 2008-2009, avec 3 points de moins. Jamais sur ces 10 dernières années un champion d’automne ayant atteint la barre des 40 points a manqué la montée… Si l’animation offensive est parfois décriée, jamais le RC Lens n’a pourtant marqué autant de but à mi-saison (30) depuis 2002. Malgré un début d’année 2020 poussif marqué par 4 nuls et une victoire, le RC Lens parait sur la bonne trajectoire pour monter avec une 2e place et 5 points d’avance sur le 3e, Ajaccio, à l’issue de la 24e journée. Les performances ne sont pas assez consistantes, le Racing n’a gagné qu’une fois mais les adversaires, alors tous issus du top 10 permettent de relativiser. On peut croire que Lens a su limiter la casse et que cela va repartir avec un calendrier peut-être plus favorable à Châteauroux, plus faible attaque, puis à domicile contre Caen. Au contraire, le Racing, sur la corde raide depuis le début d’année, s’effondre cette fois à 2 reprises, 3-2 dans le Berry puis 4-1 à domicile contre Caen samedi. Une énorme fébrilité apparait, les choix, de systèmes ou d’hommes, sont de plus en plus remis en question après ces résultats et l’on sent le peuple lensois, autour de Bollaert comme sur les réseaux sociaux, moins confiants pour l’avenir. Philippe Montanier part sans même que Bollaert n’ait eu le temps de réclamer une démission, la direction ayant décidé de tenter le tout pour le tout pour inverser la tendance avant qu’il ne soit trop tard. En espérant que le successeur du Normand, Franck Haise, termine le parcours sur une ascension vers les sommets.

Christophe Schaad

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