En matière de football, on parle souvent de l’intelligence de jeu. Ou plus particulièrement du « QI football ».

Ancien meneur de jeu du RC Lens, Eric Carrière s’est toujours distingué dans ce domaine. Il livre son regard sur cette notion bien précise, qui peut donner à certains joueurs des armes supplémentaires permettant de compenser certaines lacunes :

« J’aime bien parler d’intelligence situationnelle, parce que c’est valable dans la société et pas seulement dans le football. Pendant des années, c’était aussi ça le problème en France, on automatisait le football. Il y a encore des entraîneurs qui le font, mais on s’est un peu amélioré, avec l’évolution de l’Espagne et notamment de Barcelone. Au lieu de dire aux joueurs : «?T’aurais dû la mettre à droite?», la DTN a demandé aux éducateurs de poser la question aux joueurs, pour l’amener à avoir une réflexion : «?Alors, qu’est-ce que tu aurais dû faire dans cette situation-là ??» Tu en appelles alors à une réflexion, donc à l’intelligence du joueur, et là, l’éducateur peut revenir dessus et dire : «?Non, tu vois, tu avais aussi cette solution-là. » […] La plus grande intelligence, c’est de savoir quelles sont ses capacités, et prendre ce que l’on va t’apprendre. Si tu connais tes capacités, tu peux les améliorer. Le pire, c’est de vouloir montrer plus de capacités que celles qu’on a. Quand tu veux quelque chose que tu ne pourras jamais avoir, tu es malheureux et aigri. À l’inverse, une personne peut penser qu’elle est moins intelligente qu’elle ne l’est en réalité, ça peut créer des déséquilibres dans les relations. Moi, je me battais émotionnellement pour me mettre au niveau des autres. Quand je ratais quelque chose, j’avais envie de disparaître du terrain. J’ai dû faire un gros travail mental, parce que je n’avais pas le cursus de la plupart des joueurs, qui étaient un peu plus préparés dans la tête. Aujourd’hui, je les sens plus préparés, mais par rapport aux médias, montrer ses faiblesses, c’est toujours très compliqué. »

(Source : So Foot)