Désormais consultant pour Canal+, Eric Carrière a évolué au RC Lens de 2004 à 2008. Il était arrivé après des années jonchées de titres et de récompenses personnelles.

Mais au RC Lens, il y a eu des hauts et des bas. Il revient sur sa période lensoise :

« Le club sortait d’une période faste. D’abord, sur un cycle très anglais, avec le titre de 98. J’ai le souvenir d’un style de jeu assez direct. C’est bien Drobnjak, qui jouait devant ? Ensuite, il y a eu un cycle plus athlétique. Et moi, j’arrive à un moment où il y a une volonté de changer de cycle, sans en avoir réellement défini les contours. L’entraîneur de l’époque, c’était Joël Muller ; un coach qui était beaucoup sur les duels. Joël, il ne m’en voudra pas, mais je me rappelle d’entraînements où on était tous dans le rond central, sans équipes définies ; le ballon était lancé en l’air, et on devait faire des têtes. Impossible pour moi, quoi ! Là, je ne savais pas trop où j’étais. Je me souviens que le début de championnat était bon, que les recrues – Hilton, Jérôme Leroy, Nicolas Gillet – donnaient satisfactions. Et puis, après 2 ou 3 mauvais résultats, j’entends : « Bon, on arrête de jouer ». J’étais ahuri. Tu peux dire que tu veux jouer différemment, en allongeant sur Dagui (Bakari) et en disputant les 2es ballons ; aucun problème. Tu changes, mais tu joues ! Pour moi, arrêter de jouer, ça signifie que le match est terminé, et que c’est l’heure de rentrer à la maison. Cette instabilité dans les intentions, c’est quelque chose que j’ai trop souvent connu à Lens. On a eu Francis Gillot, qui avait un état d’esprit plutôt offensif, et avec lequel on a eu de bons résultats. Ensuite, ça a été Guy Roux : là, impossible de savoir ce qu’il voulait tant son discours était incohérent. L’analyse que j’ai faite, c’est que j’ai eu la chance de gagner des titres dans des équipes où il y avait un fil conducteur. À Lens, il était, disons, émotionnel : lié à l’environnement, aux supporters, à Gervais (Martel). À mon sens, c’est le jeu qui doit primer, et le choix des entraîneurs doit se faire en fonction. Quand tu enchaînes Gillot, Roux, Papin, Leclercq, c’est un peu comme faire les montagnes-russes. »

Venu au RC Lens « à l’affect », Eric Carrière se montre tout de même « fier » d’avoir joué chez les Sang et Or. « Aujourd’hui, je peux dire que mon passage à Lens m’a énormément appris, au même titre que mes années lyonnaises, qui n’ont pas toujours été simples non plus », dit-il.

(Source : Hors-Format)