L’association RC Lens disposera dès la saison prochaine d’une section de cécifoot, un football adapté aux non voyants et mal voyants, en accueillant l’équipe qui était jusqu’ici rattachée à l’AS Violaines. Son entraîneur Michaël Derensy partage avec nous sa fierté de voir la section rejoindre le Racing et nous apporte son éclairage sur cette pratique.

Lensois.com : Michaël Derensy, pouvez-vous d’abord nous présenter l’AS Violaines, club auprès duquel vous la section de cécifoot a été lancée avant de passer sous la coupe du RC Lens cet été ? 
C’est un club de village, qui compte environ 300 licenciés. La section de cécifoot y est rattachée depuis qu’elle a été créée en 2014. Le club dispose du coup d’une double affiliation, à la Fédération Française de Football et au niveau de la Fédération Française Handisport. A partir du 1er juillet, la section va donc transiter vers l’association RC Lens qui aura également cette affiliation auprès de la Fédération Française Handisport.

Pouvez-vous nous présenter un peu plus les compétitions de cécifoot et nous en dire plus sur le niveau auquel vous évoluez ?
Tout d’abord, il y a 2 catégories de cécifoot : pour les non voyants et les mal voyants. Notre équipe est constituée de joueurs non voyants. Notre équipe est très jeune et n’a vraiment débuté qu’en 2016 car pendant les 2 premières années, nous n’avions pas assez de joueurs. Nous les prêtions à d’autres clubs pour qu’ils puissent jouer. Forcément, pour les résultats ce n’est pas encore évident mais l’essentiel est de leur permettre la pratique de ce sport. Nous participons au championnat de France et nous nous déplaçons donc à travers la France. La compétition se joue sur 4 week-ends avec des plateaux de plusieurs équipes mais une réflexion est en cours pour étaler un peu plus les matches. Il y a aussi la Coupe de France et il existe 3 grosses compétitions européennes avec les Jeux Paralympiques, ainsi que les championnats d’Europe et du monde. Le prochain mondial se joue d’ailleurs le 7 juin à Madrid.

Quels sont les fondamentaux à connaitre ?  
Ce sont des équipes de 5 joueurs, dont 4 joueurs de champ non voyants, le gardien étant quant à lui voyant et valide. Il peut exister des différences de perception chez les non voyants, les joueurs de champ évoluent donc avec un masque afin que tout le monde soit sur un pied d’égalité. Les matches se jouent sur 2 fois 20 minutes avec un ballon dans lequel il y a des grelots pour que les joueurs puissent l’entendre. Il y a 3 guides par équipe sur le terrain : le gardien qui s’occupe de la partie défensive, le coach sur le côté qui gère le milieu et enfin un guide offensif pour l’attaque et qui se place derrière le but adverse. Des barrières sont disposées sur le côté du terrain, il n’y a donc pas de touche pour plus de fluidité dans le jeu et pas de hors-jeu non plus. Une règle importante à connaitre est celle du « voy », « je vais » en espagnol. Les joueurs, quand ils vont sur le ballon, doivent s’annoncer en criant « voy ». Cela évite les collisions. Le penalty est à 6 mètres mais au bout de 5 fautes, il y a ce qu’on appelle la double pénalité, soit un penalty à 8 mètres. Chez les mal voyants, cela ressemble plus à du foot en salle et ils ne portent pas de masque.

« Il va falloir porter ces couleurs avec une image à défendre »

Comment est survenu le rapprochement avec le RC Lens ?
Nous allons effectivement vraiment devenir une équipe de l’association RC Lens en déménageant de Violaines. Cela doit être effectif à partir du 1er juillet. Cela s’est fait un peu des 2 côtés. Quand nous avons lancé cette section à Violaines, nous avons invité des gens du RC Lens et d’ailleurs, Eric Sikora en est très vite devenu le parrain. Après cela s’est fait naturellement avec Eric Loder, président de l’association, ainsi que le directeur général, d’abord Didier Roudet, puis Arnaud Pouille. Nous avions d’abord commencé à travailler ensemble dans une logique de partenariat. Le RC Lens nous aidait dans la communication et avec par exemple la mise à disposition de places pour ses matches que l’on pouvait faire gagner dans les tombolas. Arnaud Pouille nous a reçus. Nous avons pu expliquer notre projet et cela leur a plu, jusqu’à ce que l’on en arrive à intégrer l’association RC Lens en tant qu’équipe à part entière

Comment cela va-t-il s’organiser au niveau des entraînements et des matches ?
Pour les entraînements, nous travaillons sur un projet nous permettant de disposer d’un espace à la Gaillette, avec la mise en place d’un jeu de barrières, nécessaire sur les côtés du terrain car il n’y a pas de touche. Pour les compétitions, nous devons encore voir cela, mais l’idée est d’organiser une journée de championnat sur les installations du RC Lens.

Que représente pour vous le fait de devoir représenter désormais le RC Lens et ses couleurs ?
C’est une fierté personnelle car je suis moi-même supporter du club et pour les joueurs aussi car la plupart suivent le club. C’est une fierté pour eux de pouvoir porter ce maillot et pour moi aussi en tant qu’éducateur. Maintenant, le plus dur commence. Il va falloir porter ces couleurs avec une image à défendre. Nous souhaitons à ce titre remercier les gens de l’AS Violaines qui nous ont permis de lancer cette section de cécifoot en 2014, le président, le maire… Ainsi qu’Arnaud Pouille et l’actionnaire majoritaire Joseph Oughourlian qui nous permettent de rejoindre le RC Lens, de donner un nouvel élan au Cécifoot et de pouvoir grandir sous sa bannière.

Propos recueillis par Christophe Schaad