S’il est toujours le président du conseil d’administration du RC Lens, Gervais Martel n’est plus le président directeur général du club depuis samedi, quittant donc l’exécutif. C’est au moins symboliquement une page qui se tourne, même si n’est pas une première puisqu’il a déjà effectué une parenthèse en 2012-2013. Retour sur les grands succès et grandes déceptions sur près de 30 années, sous la direction d’un actionnaire ou non.

La descente de 1988-1989 :
Il prend la barre d’un navire en plein naufrage à la fin août à la place de Jean Honvault. Le club est dans le dur financièrement et ne peut tenir la route sportivement. La descente est inéluctable et se fait avec une dernière place et un total de 17 petits points, un record.

La montée de 1991-1992 :
En s’appuyant notamment sur le centre de formation, Gervais Martel et le RC Lens retrouvent la première division. Avec un petit coup de pouce puisque le club est repêché après la relégation administrative de Bordeaux.  Grâce à une équipe solide, le Racing réussit son come-back avec une 8e place. On trouve dans le groupe coaché par Arnaud Dos Santos Bernard Lama, Robbie Slater, Jimmy Adjovic-Boco, Eric Sikora, Jean-Guy Wallemme, Cyrille Magnier, Pierre Laigle, Frédéric Déhu, Christophe Delmotte, Roger Boli…

RC Lens-Marseille, 29e journée de la saison 1991-1992, une grande victoire et un record d’affluence :
Le 15 février 1992 le RC Lens reçoit le Marseille de Chris Waddle et Jean-Pierre Papin devant 48 912 spectateurs, ce qui restera le record du championnat de France jusqu’à l’agrandissement du Vélodrome de Marseille pour le Mondial 1998. Grâce à un but de Roger Boli sur un superbe débordement de Jimmy Adjovi-Boco puis une tête de Francis Gillot sur un coup franc d’Eric Sikora, le promu lensois réalise l’exploit malgré l’égalisation à 1-1 de Basile Boli.

Le parcours jusqu’en demi-finale de la Coupe de France 1994 :
Le RC Lens réalise un énorme exploit en s’imposant 2-1 au Parc des Princes face au Paris-Saint-Germain de Georges Weah, David Ginola ou encore Valdo, avec des buts de Roger Boli et de Pierre Laigle. Il atteint le dernier carré pour la première fois depuis les années 1981. Mais dans un Bollaert plein, il s’incline 2-0 face à Montpellier.

1995 et le retour du RC Lens en Coupe d’Europe :
Doucement mais sûrement, en misant sur la continuité, le RC Lens s’impose comme un outsider de la première division. Il concrétise ce statut par une qualification pour la Coupe de l’UEFA en 1995 avec une 5e place. Le club, entraîné désormais par Patrice Bergues, remet ça en 1996. Il se fera d’abord sortir par le Slavia Prague en 8e de finale (0-0 à Prague, 0-1 après prolongation à Lens) puis par la Lazio de Rome dès les 32es de finale la saison suivante (0-1 à Lens, 1-1 à Rome). Le RC Lens n’était plus apparu sur la scène européenne depuis 1986-1987.

1997-1998, sa finale de Coupe de France et son titre de champion de France :
La progression du RC Lens est stoppée par une mauvaise saison 1996-1997 passée à jouer le maintien, mais la suite prouve que ce n’était qu’un accident. Gervais Martel nomme Daniel Leclercq entraîneur, l’une des plus grandes décisions de sa carrière. Le Druide, avec l’apport de Stéphane Ziani et Anto Drobnjak en complément d’un groupe comptant toujours sur les fidèles Eric Sikora, Jean-Guy Wallemme, Guillaume Warmuz ou encore Tony Vairelles, arrivé en 1995, amène le club au premier titre de champion de France de son histoire avec un football léché qui ravit la France du football. Le doublé n’était pas loin avec, une semaine avant le sacre, une défaite 2-1 au Stade de France en finale de la Coupe de France face à un PSG inférieur mais moins impressionné par la nouvelle enceinte francilienne selon Daniel Leclercq.

1998-1999, la première en Ligue des Champions et l’exploit de Wembley :
Qui dit titre de champion dit participation à la plus grande des compétitions européennes. Le RC Lens s’en sort plus qu’honorablement puisqu’il terminera 2e de sa poule derrière le redoutable Dynamo Kiev d’Andrei Shevchenko qui ira jusqu’en demi-finale, et devant Arsenal qu’il bat 1-0 à Wembley grâce à un but de Mickaël Deève. Le Racing devient la première équipe française de l’histoire à gagner sur cette pelouse mythique. Le Panathinaïkos termine dernier. A l’époque, finir 2e n’est pas suffisant pour atteindre les quarts de finale.

La Coupe de la Ligue 1999, un 2e titre en 2 ans :
L’après-titre n’est pas très facile à gérer avec notamment les départs de Stéphane Ziani, Anto Drobnjak ou Jean-Guy Wallemme, mais le RC Lens confirme qu’il est désormais un club qui gagne en décrochant sa première victoire en Coupe de la Ligue. Les Lensois, sur un but de Daniel Moreira, battent Metz 1-0 au Stade de France, à forte coloration Sang et Or.

1999-2000 et l’heure de briller plus que jamais sur la scène européenne pour le RC Lens :
Le RC Lens n’a jamais dépassé les 8es de finale d’une compétition européenne. Il ira cette fois jusqu’en demi-finale, malgré une saison chaotique, terminée sur une 5e place en trompe l’œil puisque le club a occupé un temps la dernière place alors que Daniel Leclercq a cédé sa place à François Brisson. L’équipe d’Olivier Dacourt et Pascal Nouma chutera en demi-finale de la Coupe de l’UEFA face à Arsenal (1-0 à Londres, 1-3 à Bollaert). Sur son chemin, le Racing a notamment écarté Kaiserslautern avec une impressionnante victoire 4-1 en Allemagne après une défaite 2-1 à Bollaert, puis l’Atletico Madrid, son futur actionnaire (2-2 en Espagne, 4-2 à Lens) avant de sortir le Celta Vigo au terme d’une confrontation épique (0-0 en Galice, 2-1 à Lens).

2001-2002, la Gaillette et le 2e titre de champion de France qui lui échappe :
Le RC Lens reste sur une saison décevante. Gervais Martel a tenté un coup avec Rolland Courbis entraîneur, mais la mayonnaise n’a pas pris. C’est Joël Muller qui arrive à l’été 2001, dans un club qui va s’installer dans le superbe nouveau centre de la Gaillette, après des années passées à Tassette. Le RC Lens réalise une superbe saison et reste de nombreux mois en tête avant de freiner dans le sprint final pour voir la première place lui échapper au profit de Lyon, son bourreau à la dernière journée à Gerland pour une vraie finale du championnat (3-1). Une déception très dure à avaler.

2002-2003, le retour en Ligue des Champions et l’AC Milan qui tombe à Bollaert :
Pour son retour en Ligue des Champions, le RC Lens se retrouve dans un vrai groupe de la mort avec l’AC Milan, le Bayern Munich et La Corogne, alors redoutable club espagnol. Personne ne donne chère de la peau des Sang et Or et pourtant, ils ne passent pas si loin d’une qualification surprise. Ils battent notamment l’AC Milan 2-1 à Bollaert et La Corogne 3-1. Ils terminent au final 3es devant le grand Bayern, accroché sur le score de 1-1 à la maison et de 3-3 en Allemagne avec une qualification encore possible pour cette dernière journée. Le Racing est reversé en Coupe de l’UEFA au détriment du Bayern mais ce fera sortir par le Porto d’un certain José Mourinho (3-0 au Portugal, victoire 1-0 à Bollaert).

2006-2007, une belle saison qui sonne pourtant aussi le début de la fin :
Depuis quelques années, le RC Lens alterne entre des saisons sans reliefs et d’autres un peu enjouées comme l’exercice 2005-2006 qui commence par une victoire en Coupe Intertoto et se finit par une qualification en Coupe de l’UEFA avec Francis Gillot. Suite logique, le RC Lens joue pour une place en Ligue des Champions, s’imposant comme le 2e le plus régulier en 2006-2007. Il parvient aussi en 8e finale de la Coupe de l’UEFA, sorti par Leverkusen (2-1 à Lens, défaite 3-0 en Allemagne). Mais l’équipe finit par s’effondrer. Elle passe de la Ligue des Champions à la Coupe Intertoto sur une dernière journée perdue 3-0 à Troyes, relégué… Francis Gillot démissionnera dans la foulée. La fin de la progression.

2007-2008, le grand crash :
L’année du grand n’importe quoi. Guy Roux est sorti de sa retraite par Gervais Martel pour entraîner le RC Lens. Son premier club en dehors d’Auxerre. L’homme au bonnet part en début de saison subitement, après une arrivée ultra médiatique. Il dira plus tard estimer ne pas pouvoir atteindre les objectifs européens qui lui sont fixés, avec un effectif qui compte pourtant de nombreux joueurs qu’il a demandés. Après avoir misé sur une grande expérience, le RC Lens choisit son exact contraire avec Jean-Pierre Papin, jeune entraîneur qui s’est tout de même signalé en faisant monter Strasbourg en Ligue 1. Mais le ver est déjà dans le fruit. Malgré des éléments comme Vedran Runje, Nenad Kovacevic, Eric Carrière, Vitorino Hilton, Loïc Rémy ou encore Olivier Monterrubio, le RC Lens descend en Ligue 2 en 18e position. Une vraie catastrophe industrielle.

2007-2008, la finale de la Coupe de la Ligue et la banderole :
Tout n’a pas été raté sportivement sur cette saison 2007-2008 achevée sur une relégation. Jean-Pierre Papin parvient à emmener son équipe jusqu’en finale de la Coupe de la Ligue. Malgré une égalisation d’Eric Carrière, le RC Lens perd 2-1 dans les arrêts de jeu sur un penalty très litigieux concédé par Vitorino Hilton, en faveur d’un PSG également à la lutte pour le maintien. Une banderole sort dans le kop parisien : « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les ch’tis ». Elle deviendra une véritable affaire d’Etat.

2012-2013, un club en difficulté financière et le départ :
Le club remonte dès 2009 mais subit toujours de plein fouet les difficultés financières encaissées avec la relégation. Il ne peut pas recruter ou presque et après un maintien en 2010, il descend de nouveau en 2011 au terme d’une saison très difficile. En 2012, le Crédit Agricole Nord de France, partenaire du club, prend le contrôle. Gervais Martel se retrouve contraint de quitter le club, ne pouvant racheter ses parts. Luc Dayan est nommé président.

2013-2014, le retour de Gervais Martel et de l’ambition :
Gervais Martel peut récupérer la présidence du RC Lens avec l’aide de l’homme d’affaires azéri Hafiz Mammadov, nouvel actionnaire majoritaire. Ce dernier investit plus de 20 millions d’euros et permet de construire une belle équipe. Gervais Martel réalise un joli coup en parvenant à convaincre Antoine Kombouaré d’entraîner son équipe en Ligue 2. L’ex coach du PSG fait remonter le club dans un Bollaert souvent plein.

2014-2015, la dernière saison de Gervais Martel président du RC Lens en Ligue 1 :
Le RC Lens déchante vite après la montée. Hafiz Mammadov donne l’impression de faire tourner le club en bourrique, le président lensois est en première ligne face à des supporters en colère alors que le partenaire qu’il avait déniché en Azerbaïdjan n’assume plus ses obligations financières pendant que le club a des besoins. La communication est confuse et ne fait qu’inquiéter toujours plus. La DNCG ne veut pas laisser le RC Lens monter en Ligue 1 mais après un appel devant le CNOSF et une décision de la FFF, il pourra assurer sa place. Il faut en plus gérer l’indisponibilité de Bollaert pour cause de travaux durant l’Euro, ce qui s’est mis en place sous le règne du Crédit Agricole. Aucune solution de rechange n’a été mise en place et il faut trouver une enceinte. Lens ne peut compter ni sur Lille, ni sur Valenciennes et se retrouve à jouer à Amiens et quelque fois au Stade de France. L’équipe, sans recrue, n’arrivera pas à sauver sa place.

2016-2017, le coup du sort de la 38e journée de Ligue 2 :
Désormais président mais sous la direction de Solferino et de l’Atletico Madrid, les nouveaux actionnaires, on dit son affluence déjà plus réduite qu’auparavant mais il apparait bien toujours en première ligne. Le club a 2 années pour remonter, objectif fixé par les actionnaires, mais Alain Casanova, nouveau coach, annonce qu’il veut la montée dès la première saison. Malgré des hauts et des bas, l’équipe postule à la 38e journée. Il bat Niort 3-1 à Bollaert mais ce n’est pas suffisant. A la 96’, Amiens marque le but du 2-1 à Reims et expulse le RC Lens du podium. Il ne jouera même pas les barrages alors qu’il montait directement quelques minutes avant, jusqu’à ce que Troyes mène aussi 3-2 à Sochaux après avoir été mené 2-0. La grande désillusion avant le début de saison actuelle que l’on connait.

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