(Crédit photo : créAJ, photographe et graphiste, avec l’aimable autorisation du Stade poitevin) Pour le latéral gauche de Poitiers Yanis Si Mohammed, le 32e de finale de Coupe de France de dimanche entre son équipe de National 3 et le RC Lens sera très particulière. Et pour cause, il a passé 5 années au centre de formation de la Gaillette après avoir transité par le PSG puis l’INF Clairefontaine. Passé par Romorantin puis Le Mans après son départ du Racing, freiné par une grave blessure mais aujourd’hui pleinement rétabli, le joueur de 25 ans amorce avec son club, rejoint cet été, ce qu’il espère être le début d’une nouvelle courbe ascendante dans sa carrière.

Lensois.com : Yanis Si Mohammed, qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris que vous alliez affronter le RC Lens en Coupe de France ?
Franchement, c’était spécial. J’étais content de pouvoir affronter mon club formateur. C’est une joie particulière. Quand tu vois que dans le groupe du tirage il y a le club où tu as passé tes plus belles années, tu espères forcément tomber dessus. Ce ne sont que de bons souvenirs. Pendant le centre de formation, le vendredi ou le samedi, je ne rentrais pas chez moi parce qu’on avait match. Du coup, un week-end sur 2, j’étais à Bollaert pour soutenir les pros qui étaient en Ligue 2 à l’époque ! C’est un endroit magnifique.

Que retenez-vous de vos années lensoises ?
J’y suis resté de l’âge de 15 ans à 20 ans, avec 3 années en tant qu’aspirant, puis 2 en tant que stagiaire. La Gaillette, ce ne sont que des bons moments. Cela s’est toujours très bien passé à l’exception du fait de ne pas avoir pu passer professionnel, mais je ne retiens que du positif. J’ai eu des coéquipiers comme Wylan Cyprien, Jean-Philippe Gbamin, Baptiste Guillaume, Jean-Ricner Bellegarde, Jean-Kevin Duverne, Simon Banza, j’ai aussi joué en réserve avec Jeff Reine-Adelaïde, ou Benjamin Bourigeaud avec qui j’ai fait quelques matches même s’il a 2 ans de plus que moi. Ce sont des années durant lesquelles j’ai progressé. Grâce à Lens, j’ai pu jouer en équipe de France en U17, U18 et U19. On a aussi été champion U17 avec Eric Sikora en tant qu’entraîneur en battant le Lyon d’Anthony Martial (ndlr : en 2012, victoire 4-3 avec un triplé de Plumain et un penalty de Gbamin). C’est l’un de mes plus beaux souvenirs. A Lens, j’ai appris le goût du travail, à avoir de la rigueur. Tu n’es pas avec ta famille et les gens que tu côtoies pendant ta formation contribuent aussi à ton éducation en tant qu’homme. Il y avait une très bonne ambiance, ce ne sont que des très beaux souvenirs.

A l’époque de votre départ, en 2016, on arrive à la fin du RC Lens d’Antoine Kombouaré, qui évoluait en Ligue 2. Qu’est-ce qui vous a empêché d’aller plus haut, de jouer avec les pros ?
La dernière année ne s’est pas très bien passée. Il y a eu quelques problèmes avec la direction à l’époque. Je crois qu’Antoine Kombouaré n’aimait pas trop mon profil mais de toute façon je n’ai pas beaucoup joué pendant que cette dernière année. Ce n’était pas que le coach. Mais je suis parti sans amertume, je ne retiens que du positif.

« La philosophie de jeu du RC Lens est complètement différente de quand j’y étais »

Comment appréhendez-vous ce match du côté de Poitiers ?
Individuellement, on a un très bon onze. Il y a un projet ambitieux. Après on est une nouvelle équipe. Depuis quelques temps, on commence à jouer en équipe et à faire de très bonnes choses. Ça prend forme et c’est intéressant. La montée en National 2 fait partie de nos objectifs, après, c’est sur le terrain qu’il faut le montrer. On essaye de bosser à l’entraînement sans se mettre de pression sur ce rendez-vous. On est surtout content de jouer une Ligue 1, en plus une équipe comme le RC Lens. Cela fait partie des meilleures équipes du championnat. Pour nous, ce n’est que du bonheur. Il faudra faire preuve de beaucoup de concentration, de la 1’ à la 95’. Il faudra très bien défendre dans un premier temps avec de la bonne agressivité et être tactiquement au point. Puis sur le peu de situations que nous aurons, il faudra les transformer en grosses occasions pour marquer.

Quel regard portez-vous sur cette équipe de Lens aujourd’hui ?
C’est d’abord leur manière de ressortir la balle que j’aime beaucoup. C’est une équipe joueuse. C’est marrant parce que la philosophie de jeu est complètement différente de quand j’étais à Lens. Il n’y avait pas forcément la volonté de ressortir propre depuis la défense. Il n’y avait pas de style comme ça, avec beaucoup de possession. J’aime ça. Puis il y a Seko Fofana qui est impressionnant, Jonathan Clauss qui est une référence à son poste. Il serait en équipe de France, ce serait normal. Honnêtement, il le mérite… Mais je kiffe toute cette équipe de Lens. C’est mon club formateur, mais ce n’est pas que pour ça que j’aime les regarder. J’aime leur style de jeu.

Vous évoluez aujourd’hui en National 3, avez-vous fait le deuil du monde professionnel ?
Non. Quand j’étais au Mans (2018-2019), j’ai fait la montée en Ligue 2, mais j’ai connu une fracture au tibia qui m’a éloigné des terrains pendant 18 mois. Je vais essayer de regrimper comme je l’ai fait après avoir quitté Lens, en réussissant à vivre une montée en Ligue 2. La blessure m’a fait repartir en arrière mais je ne lâche pas avec l’ambition de remonter petit à petit. J’ai subi 2 opérations suite à cette blessure. J’ai pu passer assez rapidement la barrière mentale au niveau des contacts, etc, mais c’est surtout pour retrouver des sensations physiquement, toutes ces facultés, qu’il m’a fallu du temps. Cela m’a pris un peu plus d’un an, mais désormais je suis à 100% !

Propos recueillis par Christophe Schaad