Les temps changent au RC Lens. S’il a fallu des dizaines de matches de Ligue 1 et de Ligue 2 avant que Wylan Cyprien ou Jean-Philippe Gbamin puissent s’exprimer devant la presse, Jean-Kévin Duverne, Jean-Ricner Bellegarde et Mounir Chouiar, pas encore 20 ans et pros depuis seulement quelques jours étaient déjà propulsés devant les médias ce lundi, accompagnés de leur entraîneur Alain Casanova. L’occasion de mettre en valeur le travail effectué à la Gaillette et pour le technicien de livrer son regard sur les perspectives d’avenir offertes par la formation.

Lensois.com : Alain Casanova, le RC Lens a donc fait signer un contrat professionnel à Jean-Kévin Duverne, Jean-Ricner Bellegarde et Mounir Chouiar pour 3 ans…
Je suis très heureux et fier de pouvoir annoncer la signature d’un contrat professionnel pour 3 jeunes du centre de formation du RC Lens qui ont été très bien formés par les éducateurs au fur et à mesure des saisons. Ce sont 3 jeunes sur lesquels nous comptons énormément, qui montrent un potentiel et qui ont une mentalité comme on aime. Ils sont à l’écoute et  travailleurs. Ils veulent progresser. Ce sont de bons profils pour faire une belle carrière.

Ce que vous voyez de la formation à la lensoise est-il conforme à ce que vous en attendiez ?
Cela correspond à ce que je m’imaginais. C’est un club capable d’aller en finale de Coupe Gambardella lors du dernier exercice, qui saison après saison, en U17 ou U19, joue les premiers rôles, qui a déjà une réputation de clubs formateurs car énormément de jeunes sont sortis. J’en ai croisé un à Toulouse, c’est Serge Aurier et c’est du très haut niveau. Il y a eu beaucoup de grands joueurs formés ici. Il y a cette philosophie, cette culture de club formateur, avec de très bons éducateurs avec beaucoup de pédagogie pour que les jeunes deviennent de très bons joueurs mais aussi de très bonnes personnes. C’est important que la personnalité suive. Je vois les équipes de jeunes travailler, jouer, et il y a vraiment du potentiel sur un plan individuel comme collectif. Être un club formateur veut dire aussi faire de la place pour qu’ils jouent et non pas recruter à tout va pour barrer l’éclosion de certains. Nous sommes très attentifs par rapport à ça.

« Les jeunes joueurs sont capables d’apporter beaucoup »

Ils ont vite été mis en avant depuis votre arrivée. Comment cela s’est-il passé ?
Durant la préparation, j’ai l’habitude de prendre énormément de jeunes en stage. Eric Sikora et Fabrice Vandeputte (ndlr : respectivement à la tête de la réserve et des U19) m’ont donné une liste de jeunes à emmener et ils en faisaient partie. Je me suis aperçu qu’il y avait du potentiel. Après, ce sont les aléas d’une saison qui font que certains jouent plus vite que d’autres. Sans le souci rencontré au niveau des arrières centraux, peut-être que Jean-Kévin aurait attendu plus longtemps. Peut-être que dans un autre système, Jean-Ricner aurait joué plus vite. Je pense que Mounir serait capable de confirmer sa bonne préparation mais il y en a pour qui cela prend plus de temps parce qu’il faut une phase d’adaptation, être patient avec les jeunes et ne pas être définitif dans nos jugements. Chaque cas est différent. On s’aperçoit que quand on leur fait confiance, très souvent ils donnent satisfaction. Par leur enthousiasme, les jeunes sont capables d’apporter beaucoup et parfois, ils peuvent montrer certaines limites. Il faut travailler pour qu’ils progressent.

Jean-Kévin Duverne est sous le feu des projecteurs depuis 2 mois, présenté devant la presse pour la première fois ce lundi. Le préservez-vous, lui parlez-vous pour le préparer au monde professionnel ?
Ici, et je n’avais pas connu ça auparavant, au niveau des relations avec la presse nous avons la chance d’avoir Patrick (ndlr : Valcke, responsable de la communication) qui joue très bien son rôle, qui sait mettre en évidence les pièges qui peuvent se présenter et savoir quand on peut déjà plus ou moins mettre en avant un joueur, un jeune en l’occurrence. Les choses se font très naturellement. Ce n’est jamais facile pour eux de se présenter devant vous, mais ils sont assez à l’aise dans leur façon de communiquer, d’exprimer leurs émotions. C’est une très bonne chose. Ce qui m’a surpris et j’ai une admiration devant ça, c’est que l’on permet aux jeunes d’exprimer leur personnalité. Je préfère voir des jeunes, qui même s’ils peuvent montrer un peu de gêne sur une première interview, peuvent exprimer ce qu’ils ressentent.

Autour de 2010-2012, le centre de formation a connu une explosion avec les sorties de Raphaël Varane, Serge Aurier, Geoffrey Kondogbia ou encore Thorgan Hazard. Pensez-vous qu’une génération de ce genre se prépare au club ?
J’ai beaucoup travaillé avec la formation. Il y a différents profils. Il y a celui du jeune joueur très talentueux dès le départ et qui demande très peu de travail à faire. Il y a juste à polir un peu son état brut, des petites choses à régler. D‘autres ont plus de retard, physique, mental, technique ou tactique et il faut être très patient, beaucoup travailler et discuter avec eux. Quand vous avez des joueurs avec ce profil et qui ont une très bonne mentalité dans le travail, vous avez quelque fois de très grandes surprises. A une époque, le RC Lens avait sans doute les moyens de très bien recruter, de prendre des joueurs avec un certain potentiel. Un gars comme Serge Aurier qui n’avait que 17 ans quand je l’ai eu, devait déjà être très fort à 14-15 ans. Il faut certains moyens pour prendre des joueurs déjà d’un certain niveau. Peut-être qu’en suite, ce fut un peu moins le cas, avec des années de disette sur le plan économique et là il faut aller à la pêche sur du 2e, 3e ou 4e choix, des joueurs qu’on imagine avec un potentiel mais qu’il faut faire travailler. Aujourd’hui, je vois des joueur avec du potentiel. Je n’ai pas encore vu un élément dont on peut être à 100% sûr qu’il va faire une très grande carrière, mais j’en vois avec le potentiel pour être professionnel et faire le meilleur parcours possible.

Propos recueillis par Christophe Schaad

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