Eric Sikora a repris le RC Lens dans l’urgence et a connu 2 défaites pour ses débuts, à Lorient (3-2, 2e tour de la Coupe de la Ligue) puis à Orléans (2-0, 5e journée de Ligue 2). La trêve internationale, marquée par un stage au Touquet, lui a offert l’opportunité d’avoir un petit peu plus de temps pour travailler avant la réception de Lorient samedi (6e journée de Ligue 2, 15h, à suivre en direct sur Lensois.com et diffusé en intégralité sur BeIN Sports 1). Il dresse l’état des lieux.

Lensois.com : Eric Sikora, grâce à la trêve internationale, vous avez eu un peu plus de temps pour travailler. Qu’est-il ressorti de cette période ?
Nous connaissions déjà les joueurs. Pour la plupart, cela fait un an et demi qu’ils sont là et nous les avons vus en match. C’est plus le fait de les voir au quotidien, dans leur façon de se préparer. Nous avons travaillé sur le plan athlétique et au niveau du jeu car nous voulons voir autre chose. Il y a eu des choses intéressantes à Courtrai (2-1, match amical). Pas assez pour gagner, mais dans le jeu, dans l’utilisation du ballon, nous étions dans ce que nous demandons. En début de saison, un coach a 5 ou 6 semaines pour préparer. Nous, nous sommes dans l’urgence, maintenant le travail athlétique ne portera pas ses fruits tout de suite mais plus tard. Sur ce que nous avons vu au stage au Touquet et ici, nous sommes satisfaits, maintenant il faut que cela se traduise sur le terrain.

Dans les têtes, les joueurs étaient-ils si atteints que cela ?
Forcément, quand tu ne gagnes pas, il est compliqué pour un joueur de tenter. Un tennisman qui joue petit bras alors qu’il a l’habitude de mettre des coups, il se fait tuer. A nous d’inverser la tendance. Il y a pratiquement tout le groupe de la saison dernière. A une minute près ils étaient en Ligue 1 et maintenant, après 5 journées, tu n’as aucun point. Cela montre bien que cela se joue aussi à ce niveau là.

Plusieurs joueurs semblaient en difficulté en fin de match. Avez-vous pu mettre tout le monde à niveau ?
Nous avons fait travailler tout le monde. Chacun s’accroche, bosse. Forcément, il y a du retard pour certains entre ceux qui ont joué, ceux qui n’ont pas joué, les sélections… A Courtrai, j’ai vu des joueurs faire les efforts jusqu’au bout physiquement. On tend maintenant à mieux finir sur ce plan. Mais il y a aussi ce mental qui est déficient, donc on essaye de changer ça avec le plaisir de venir s’entraîner, de vivre en groupe. S’il y a cette solidarité à l’extérieur, quand nous serons en difficulté sur le terrain, ça marchera mieux. Nous avons un match à venir qui ne sera pas facile contre une bonne équipe de Lorient, mais il faut aussi arrêter de donner des munitions à l’adversaire. Si l’adversaire doit battre Lens, il faut que ce soit en étant meilleur, mais quand on regarde les buts pris au Moustoir ou à Orléans, nous sommes naïfs et passifs. Dans la tête, nous sommes fatalistes, à l’image du penalty d’Orléans où l’on se dit déjà qu’il y a 2-0 alors que Nicolas Douchez repousse. Du coup, il n’y a personne derrière pour suivre. L’image est forte.

« Tu sens que les joueurs sont touchés »

Ce stage au Touquet était-il une occasion de s’isoler de tout ?
Non, c’était surtout de pouvoir vivre ensemble sur 3 ou 4 jours, de pouvoir discuter, partager. A la Gaillette, tu t‘entraines et tout le monde part ensuite chez soi. Là, nous avons pu être bien ensemble, discuter, travailler et plaisanter. Ce n’est pas fuir mais avoir un autre environnement qu’au quotidien à la Gaillette. Changer le train-train. Nous avons fait des activités, mangé ensemble dans un cadre autre que l’hôtel. C’était bien de pouvoir partager ces moments.

Avez-vous ressenti un déclic possible ?
Tu sens qu’ils sont touchés. Ce jeudi matin, nous avons fait une séance un peu plus tranquille car nous avions bien travaillé mardi et mercredi. Et 48 heures avant un match, tu es alors plus dans la récupération. Quand tu fais un toro, c’est plus pour tacler, se défoncer, rigoler mais ils avaient cette retenue… Peut-être se disaient-ils que le public qui est là va penser qu’ils ne sont pas sérieux dans leur situation. Dans les séances d’entraînement, ils sont réceptifs. Après, il faut qu’ils sortent du cadre dans lequel ils évoluent depuis un moment et le plus difficile est là. Quand tu travailles dans un cadre bien défini et que du jour au lendemain, on te propose un autre cadre avec un autre style de jeu, ce n’est pas forcément facile de basculer.

Le RC Lens était une équipe portée sur la possession, aujourd’hui l’idée est de se montrer plus compact pour sortir plus vite ?
De toute façon aujourd’hui tu as beau avoir la possession, en Ligue 2 tu tombes sur des équipes bien en place. A part Lorient qui joue, toutes les équipes sont bien disposées et t’attendent en contre à Bollaert. La possession doit déboucher sur des situations de jeu, des renversements, des supériorités numériques sur les côtés. Etre bien en bloc, compact et bien défendre, ce n’est pas une question de dire que l’équipe ne joue pas et ne fait que subir. C’est un style de jeu pour nous rassurer, éviter de prendre des buts, mais à la moindre occasion, montrer aux adversaires qu’on va leur faire mal. L’année dernière, toutes les équipes savaient que nous avions la possession, mais nous nous sommes fait tordre car elles nous attendaient et arrivaient à en profiter sur une situation. Les équipes sentent aussi aujourd’hui que tu es une bête blessée. Il faut montrer l’image d’une équipe solide, qui arrête de subir. Ce n’est pas subir mais être acteurs. Nous devons décider de notre destin.

Propos recueillis par Christophe Schaad