Le ministère des Sports a validé l’expérimentation d’une tribune debout pour cette saison à Lens, ainsi qu’à Saint-Etienne, Sochaux et Amiens, 4 clubs qui ont soumis un dossier en attendant d’autres. Pour la Marek, la transformation est espérée pour la mi-septembre. Les premiers concernés sont forcément les utilisateurs, donc les supporters. Porte-parole des Red Tigers et président de l’Association Nationale des Supporters, qui a oeuvré sur le dossier, Pierre Revillon fait le point avec nous.

Lensois.com : Pierre Revillon, en tant que président de l’Association Nationale des Supporters et porte-parole des Tigers, quel est votre sentiment alors que vous voyez le dossier des tribunes debout aboutir, avec la validation des expérimentations, notamment en Marek ?
Nous sommes contents. Au niveau de Lens, c’est un travail entamé depuis longtemps, depuis la Coupe du monde 1998 et l’installation des sièges en Marek. Le premier dossier réalisé date de 2002, soutenu par le CRAB (Comité pour le retour de l’ambiance à Bollaert), sous l’impulsion de Pascal « Craby ». Nous avons pris le relai et accéléré le pas depuis les nouveaux travaux qui ont eu lieu dans le cadre de l’Euro 2016. Puis dernièrement le dossier a été remis sur la table. Avec l’arrivée des nouveaux dirigeants, la création de l’Association Nationale des Supporters, le lobbying politique que nous avons pu faire, cela a permis de faire avancer les choses et nous arrivons à la fin. C’est clair que nous sommes satisfaits même s’il y a le regret que la capacité ne soit pas augmentée pour l’instant.

On sait que les relations entre supporters et instances, du football ou politiques, ne sont pas toujours des plus simples. Sur ce dossier, vous avez donc pu vous mettre d’accord…
Pour nous, il paraissait logique de remettre des tribunes debout par rapport à la sécurité des supporters. Lorsqu’il y a eu les travaux pour l’Euro, les tribunes ont été modifiées, on a mis des sièges et en aucun cas on a demandé l’avis des supporters sur le sujet, ce que l’on regrette. Mais nous avons pu discuter avec les instances, nous n’avons pas lâché le morceau et nous avons pu mettre pas mal de gens de notre côté. L’appui des dirigeants était clairement indispensable dans ce dossier. Il y avait les supporters mais après les clubs favorables ont pu apporter leur point de vue. La LFP avait déjà travaillé sur ce dossier il y a quelques années et il a été remis à l’ordre du jour. A force de taper à la porte et d’en discuter, nous avons réussi à avancer. La DNLH (ndlr : Division nationale de lutte contre le hooliganisme) avec laquelle nous avons pu avoir certains contentieux était favorable, la LFP avec laquelle nous pouvons avoir également, en effet, certains contentieux l’était aussi, donc sur ce sujet, nous avons tous pu nous mettre d’accord, même si sur certains points comme l’augmentation de la capacité, contrairement à notre souhait, la DNLH et la LFP n’ont pas voulu permettre de l’augmenter dans un premier temps. Mais c’est déjà une avancée et cela démontre que même si parfois nous ne sommes pas d’accord sur certains sujets, on peut avancer. Les tribunes debout, cela reste le premier projet mis en place et ce que l’on souhaite, c’est que cela serve par la suite, que d’autres sujets puissent être mis sur la table comme l’utilisation des fumigènes dans les enceintes sportives.

« Pourquoi pas essayer différentes jauges de capacité ? »

En tant que supporter, pouvez-vous expliquer ce que cela va changer selon-vous et quel pourrait être selon-vous l’impact du maintien de la capacité ?
Je vais prendre l’exemple de Lens et sur le plan de la sécurité, c’est un très gros point. En Marek, les gens étaient debout, avec des sièges casse-gueules, de nombreuses personnes se sont blessées sur des mouvements de foule. La 2e chose, c’est forcément l’ambiance facilitée, car cela rend plus facile les mouvements, les gestuelles. Qui dit tribune debout dit aussi un respect des tarifs bas des tribunes populaires dans les stades pour permettre à toutes les classes sociales d’aller voir un match dans de bonnes conditions et de participer également à l’ambiance. Pour le fait que la capacité ne soit pas augmentée, on sait très bien qu’en Marek ça ne va pas être évident car la tribune est assez longue. Forcément, si tout le monde se centralise, cela risque de faire des gros trous sur les côtés. Au début, visuellement ça risque de ne pas être terrible. Mais justement, derrière c’est ce qui va nous permettre de bosser sur ce sujet. Comme nous sommes dans une expérimentation, pourquoi ne pas essayer différentes jauges de capacité afin de voir ce qui pourrait être mis en place par la suite dans le respect de la sécurité ? Tout en sachant qu’à Lens, l’avantage c’est qu’il y a selon nous des dégagements et ce qu’il faut en évacuation pour que cela se fasse avec environ 6 000 à 7 000 personnes.

Quel est le prochain cheval de bataille de l’ANS désormais ?
Il y en aura plusieurs qui sont liés, mais clairement, c’es l’utilisation des fumigènes et les sanctions collectives qui peuvent être mises en place par la commission de la LFP. Notamment les huis clos ou fermetures de parcage. C’est l’un des prochains combats que l’on va mener. A la fin de l’année, l’instance nationale du supportérisme va de toute façon créer un groupe de travail sur les fumigènes, comme cela a pu être fait sur les tribunes debout. Il y a plusieurs possibilités. FSE (Football Supporters Europe) organise des congrès et cela permet d’analyser un peu ce qui se fait à l’étranger. Nous avons réalisé un livret là-dessus. On se rend compte que dans certains pays, les instances font des recherches pour trouver des solutions qui permettent aux supporters d’utiliser les fumigènes tout en assurant une sécurité. Il y a parfois des zones spécifiques destinées à leur utilisation, les sanctions collectives qui sont supprimées ce qui, depuis qu’elles le sont et que la Ligue autorise les spectacles pyrotechniques, permet de se rendre compte que du coup les groupes de supporters utilisent moins les fumigènes. Ce sont plus des spectacles organisés à l’entrée des joueurs par exemple. Pour l’instant, il n’y a pas de méthode que nous préférons, simplement nous voulons pouvoir travailler sur le dossier et voir ce qui est le plus intéressant pour nous en tant que supporters et pour les instances. Mais il faut que l’on arrête de fermer les tribunes à tout va, de faire des huis clos. On ne peut pas interdire à 5 000 personnes d’aller en tribune parce que 15 fumigènes ont été allumés.

Propos recueillis par Christophe Schaad