Ce mardi à 18h (et dès 17h sur le Twitch RMC avec le before), le RC Lens recevra l’émission de RMC « Rothen s’enflamme » à la Gaillette. Elle sera diffusée depuis le centre d’entraînement du Racing et fera la part belle aux Sang et Or,  avec les participations de nombreux invités attendus à l’image de Franck Haise et de plusieurs joueurs qui échangeront avec l’ex joueur de Monaco, du PSG ou encore de l’équipe de France Jérôme Rothen et son équipe. Avant l’émission, nous avons eu l’occasion d’interroger l’ancien milieu offensif qui nous livre son regard sur le RC Lens et nous en dit plus sur cette émission spéciale (crédit photo ABACA).

Lensois.com : Jérôme Rothen, pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui attend vos auditeurs lors de l’émission de mardi qui sera réalisée directement depuis la Gaillette ?
Les thèmes que nous pourrons aborder dépendront des personnes autour de la table, mais il y a des choses à évoquer comme la formation, le recrutement, en apprendre plus sur la façon dont ce club s’est très bien structuré en très peu de temps, sur les ambitions… On va faire le tour de toute l’actualité du groupe, le tour de tout ce qui peut se passer depuis le retour du club en Ligue 1. C’est aussi l’occasion de sentir ce groupe, sentir le parfum du vestiaire à travers cette émission délocalisée. Quand tu as la chance d’être sur place et d’avoir les acteurs en face de toi, tu arrives à ressortir beaucoup plus de choses qu’au téléphone. Puis je suis un ancien joueur, forcément, ça libère un peu les personnes en face. Ils ne se mettent pas en mode langue de bois.

Ce sera l’occasion pour vous de vous rendre à la Gaillette, de découvrir le club un peu plus de l’intérieur. Quelle image le RC Lens renvoie lorsque l’on se trouve à Paris ?
On sent une osmose, une vraie cohésion, mais vraiment à tous les étages du club. Ça respire le foot. On connait l’importance du football à Lens. Je pense que les gens ont souffert durant les dernières années et qu’ils se retrouvent à travers ce groupe. Tout fonctionne bien. Tu as l’impression que le même langage est parlé à tous les niveaux. Il y a une vraie cohésion de groupe, l’état d’esprit transpire sur le terrain, même quand ils perdent, on sent un groupe qui s’entend bien. C’est un vrai gage de réussite, surtout quand tu vois les moyens de Lens qui ne sont pas illimités. Tu es obligé d’avoir ça et c’est ça qui transpire à distance.

« Quand tu vois Lens en Ligue 1 et en plus bien classé, tu vas naturellement en parler plus que d’autres clubs »

Médiatiquement, il n’est pas facile d’exister à l’échelle nationale en France derrière des clubs comme le PSG ou Marseille. Pourtant on a l’impression que le RC Lens attire la lumière en ce moment. Lens est-il un club « sexy » aujourd’hui ?
Oui, ne serait-ce que pour son classement ! Aujourd’hui, c’est difficile de faire sans Lens dans notre Ligue 1. Il y a des matches qui ont marqué comme la victoire à Marseille, ou encore celle à Monaco. Même si c’est durant le début de saison et que des clubs peuvent être en rodage, il n’empêche qu’il faut gagner, être capable d’aligner ces bonnes performances. Le fait qu’ils soient tout en haut du classement fait parler et on ne va pas se voiler la face, même si Lens n’est pas la plus grande ville de France, ça fait partie du patrimoine du foot français. Alors naturellement, quand tu vois Lens en Ligue 1 et en plus bien classé, tu vas en parler plus que d’autres clubs. C’est comme ça, l’histoire fait aussi beaucoup et Lens, avec toute cette ferveur que l’on peut mettre en avant, ça parle.

On se souvient qu’en début de saison dernière, vous paraissiez sceptique sur RMC à propos de Franck Haise et de son équipe. Cela n’avait pas manqué d’agiter un peu la sphère lensoise. Comment votre regard a-t-il évolué ?
Mon regard a forcément évolué. Je n’ai même pas envie de dire que j’avais tort ou raison. Je pense que les faits allaient dans mon sens, je trouvais que cette équipe manquait à l’époque de technicité plus que de caractère. Ça ils l’ont toujours eu, tu ne montes pas de Ligue 2 vers la Ligue 1 par hasard même s’il y a eu de la réussite avec l’arrêt du championnat. Cela montrait qu’il y avait du caractère, mais je trouvais que des joueurs n’étaient pas au niveau au début sur un plan technique. Et au final même durant la saison dernière, l’équipe a évolué et ne ressemblait plus tellement à la fin au visage qu’elle avait au tout début. Des joueurs ont passé le cap aussi. C’est à mettre au crédit de l’entraîneur. Le coach doit être entrainant mais doit aussi faire progresser ses joueurs individuellement comme collectivement. Cela a été la grande force de Franck Haise. C’est vrai que j’ai été critique sur lui car je pensais qu’avec les résultats et le fait qu’on parlait de Lens en bien, il ne se mettait pas assez en avant, qu’il pouvait manquer un peu de charisme. C’était mon discours de l’année dernière mais de plus en plus, il a pris la parole, m’a semblé moins introverti et ça se ressent pour les médias mais aussi par rapport à ses joueurs. Il a pris plus de poids, de personnalité et de toute façon dans le cas contraire, dans le foot d’aujourd’hui, tu te fais bouffer si tu n’as pas un minimum d’emprise. La progression a été fulgurante de sa part mais je pense que j’avais le droit de me poser des questions.

« Franck Haise est le genre d’entraîneur qui te rassure dans ta passion du foot »

Les joueurs ont expliqué que dès la première journée de la saison dernière, perdue 2-1 à Nice, Franck Haise avait dans sa causerie dit à ses joueurs qu’il voulait aller chercher le maintien par le jeu et non en mettant le bus ce qui pouvait surprendre pour un promu à l’époque. Aujourd’hui on n’a l’impression que plus globalement les mentalités s’ouvrent vers le jeu en Ligue 1 et on voit d’ailleurs un autre promu comme Clermont être plutôt sympathique à voir jouer. Pensez-vous qu’il a pu initier un mouvement ?
Je ne sais pas si le fait d’avoir pris cette responsabilité de jouer comme ça, avec du jeu et un plan bien précis a pu donner envie aux coaches de faire pareil. Je n’irais pas jusque là. Il y a toujours eu des équipes qui essayaient de bien jouer au football et qui l’ont pris dans la tête en retour parce qu’elles manquaient de poids par moment. Le plus important, pour un entraîneur, c’est de mettre en place ses principes de jeu et que l’équipe te ressemble. A Lens, depuis plusieurs mois, même plusieurs années maintenant, il arrive à mettre ce style de jeu en place, avec un dispositif qui évolue rarement avec cette base de 3 derrière même si par contre ça peut évoluer dans l’animation, notamment au milieu où il a déjà changé son triangle. L’équipe lui ressemble et c’est ce qu’il y a de mieux : les joueurs se retrouvent dans ce qu’il veut mettre en place. Ils se rassurent aussi à travers ça. Parfois les entraîneurs ont des idées, veulent mettre quelque chose en place et tu ne le retrouves jamais sur le terrain. Dans ces moments-là, tu perds ton groupe. Avec lui, les joueurs ont progressé, se sont rassurés dans ce système-là et maintenant ils connaissent par cœur ce qu’il veut mettre en place. On arrive à le deviner de l’extérieur et c’est bon signe. Clermont, comme vous l’avez cité, a un style bien précis, mais ce n’est pas la première année que Pascal Gastien joue comme ça. Il n’a pas attendu que ce soit mis en place à Lens. Je suis passionné, j’ai joué en Ligue 2 et je suis donc encore ce championnat. Je peux dire qu’en L1 ou en L2, il y a toujours eu des équipes qui jouent. Après on reste des compétiteurs alors les grandes phrases pour dire qu’on perd mais qu’on joue bien, ça va 2 minutes, car toi, tu as envie de gagner, de prendre des points. Mais c’est vrai qu’il vaut mieux en prendre  en étant sûr de ton jeu et en faisant du spectacle. C’est le cas de Lens donc il faut en profiter !

Vous avez eu l’occasion de jouer dans de grosses équipes à Monaco, au PSG ou même en équipe de France, pour autant est-ce que ce RC Lens est une équipe dans laquelle vous auriez aimé évoluer en tant que joueur ?
Oui forcément. Quand tu as un profil plus technique que physique avec un entraîneur qui prône beaucoup le jeu, tu as de quoi t’éclater. Entrer dans cette équipe quand tu es une recrue, je pense que c’est assez facile parce que tu as l’impression que tout est bien huilé. Chacun trouve sa place assez vite. C’est le genre d’entraîneur qui te rassure dans ta passion du foot. Tu peux avoir un jeu plus défensif, pour autant il faut avoir des principes de jeu. Avoir un fond de jeu, ça ne veut rien dire, c’est ce que mettent les joueurs dans le système et l’animation qui est important aussi. A Lens, tout parait huilé. Les joueurs se libèrent, sont sereins et c’est la marque de l’entraîneur. On ne peut que le féliciter de ça.

« Je vois le RC Lens terminer dans les 6 premiers »

Seulement 11 journées ont été jouées, mais Lens est 2e et semble s’installer dans le haut du classement. Les voyez-vous perdurer ou finir par rentrer dans le rang ?
Je ne leur souhaite pas de rentrer dans le rang. Maintenant, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Au bout de 11 journées, on a passé le quart du championnat. Il n’y a plus d’effet de surprise, on ne peut pas te prendre de haut. Quand tu as ces résultats, que tu es tout là-haut après 11 journées, ça montre beaucoup de qualités, une cohésion d’équipe. Je les vois vraiment finir dans les 6 premiers cette année. Après l’écart n’est pas fait non plus avec des équipes qui ont plus de moyens comme Lyon ou Monaco. Ces équipes peuvent se replacer et doubler Lens. Si c’est le cas, ça ne sera pas une tare. Mais c’est une équipe qui peut faire ce que Rennes ou Lille ont pu réaliser lors de certaines saisons en étant plus haut que ce qu’on attendait. Ça peut être source d’inspiration. Mais ce qui est sûr, c’est qu’autant il y a un an beaucoup de joueurs découvraient la L1, autant aujourd’hui, il n’y a pas de souci sur le fait de constater qu’ils ont le niveau. Après il y a des avantages à être dans un club très populaire avec beaucoup de ferveur et une pression positive comme là. Mais quand tu habitues les gens à gagner, à être en haut et que tu finis par avoir une période de moins bien comme cela arrive dans pratiquement toutes les équipes, tu ne sais jamais comment les joueurs vont réagir. Vont-ils rentrer dans le rang ou réussir à passer le cap ? La pression, lorsqu’elle devient négative, est la plus dure à gérer. Je ne peux pas être dans leur tête mais honnêtement, sans essayer d’annoncer un grand ciel bleu, je pense qu’ils seront dans les 6, il n’y a pas de raison que ça s’écroule.

Pour finir, s’il y avait un joueur du RC Lens que vous verriez prendre un chemin semblable au votre après carrière en devenant animateur ou du moins l’un de ces anciens pros qui intègrent les médias pour livrer leur regard sur le football, lequel ce serait ?

Vous êtes mieux placé que moi qui ne les rencontre pas chaque semaine, mais j’aime bien quand quelqu’un comme Jonathan Clauss ose dire clairement ses objectifs, en déclarant qu’il se dit «  pourquoi pas l’équipe de France ? », même s’il doit sûrement gagner en expérience. J’aime bien ce discours, quand les mecs ne se cachent pas. Quelqu’un comme Gaël Kakuta, qui sent le football, s’il arrive à bien l’exprimer, c’est le genre de joueur qui peut faire un très bon consultant aussi à la fin. Après je connais bien Jean-Louis Leca, je sais que c’est un bon client. Je connais aussi bien Yannick Cahuzac, il faut savoir le débrider et ce sera le cas mardi !

Propos recueillis par Christophe Schaad