Le RC Lens ne marche plus sur l’eau. Un peu moins inspiré, sans doute mieux compris par ses adversaires, moins efficace et moins en réussite aussi, il peut donner l’impression d’amorcer un retour dans le rang. Mais il est pourtant encore bien trop tôt pour tomber dans le désenchantement au beau milieu d’une saison qui reste encore à ce jour hors-norme.

C’est un fait : sur le plan du jeu comme comptable, le RC Lens traverse sa moins bonne période de la saison en championnat même si au final, il est loin de la déconfiture avec une seule défaite depuis la reprise fin décembre. Pas de quoi s’alarmer plus que de raison : il y avait peu de chances qu’elle ne finisse pas par arriver et elle tombe à l’un des moments les plus prévisibles. Car si le total de points pris est un peu décevant après avoir récemment affronté plusieurs mal classés (nuls à Strasbourg, Troyes et Brest, victoire contre Auxerre), il y a aussi un contexte : Le RC Lens multiplie les séries de matches, comme les autres certes, mais avec le désavantage de le faire principalement à l’extérieur, la faute à des tirages au sort peu cléments en Coupe de France, en particulier pour les jours à venir avec ce 8e de finale à venir coincé entre 2 voyages consécutifs en championnat… En attendant les 2 déplacements à venir à Lorient et Lyon, sur 9 rencontres depuis la reprise, Lens n’a joué que 3 fois à Bollaert, là où il a principalement construit une première partie de saison historique. Et s’il vient d’y perdre pour la 1ere fois contre Nice, la prestation des Aiglons à Marseille (1-3) dimanche offre de quoi relativiser un peu plus ce premier faux pas.

David Pereira Da Costa et le RC Lens à la recherche d’une plus grande efficacité offensive.

Si Lens peut faire mieux, il n’a pas non plus complètement perdu son football et après ce nul à Brest, on s’inquiétera de 2 choses. Pour le championnat dans son ensemble, avec un arbitrage toujours plus bancal, complètement perdu avec sa méthodologie d’utilisation de la VAR. Pas question ici d’appuyer la thèse d’un « Lens dérange » même si la gestion du match de dimanche est préjudiciable : il suffit de regarder plus de 3 matches de Ligue 1 par week-end pour voir régulièrement des erreurs ailleurs que sur le terrain où joue le Racing. Mais à l’heure où la lutte fait rage dans toutes les zones du classement, on espère sérieusement que le corps arbitral va se ressaisir pour que cette saison passionnante à tous les niveaux ne se joue pas sur un amas de polémiques. Mais surtout on peut s’inquiéter pour l’état de l’effectif lensois : l’infirmerie se remplit et il va falloir serrer les dents quelques temps dans une période délicate du calendrier.

Rêver, mais ne pas se laisser obnubiler par le podium

Là aussi, les accumulations de matches, de déplacements, n’y sont sans doute pas étrangères. Dimanche, Deiver Machado est sorti blessé aussi bien à un doigt qu’à la cuisse (l’arbitre a dit pas de carton…). On attendra d’en savoir plus mais une absence s’ajouterait à celle, au moins jusqu’à la fin de la semaine, de Massadio Haïdara, ainsi qu’à celles pour plusieurs semaines de Wesley Saïd (6 à 8 semaines), Alexis Claude-Maurice (6 à 8 semaines) ou encore Steven Fortes (3 à 4 semaines)… Des pépins qui tombent au pire moment, quand le RC Lens enchaine les matches et notamment les déplacements (3 en 7 jours avec Brest hier dimanche, Lorient jeudi et Lyon dimanche). Les possibilités de turnover sont de plus en plus limitées, en rappelant que Kevin Danso sera lui suspendu à Lorient. Si le groupe lensois a maintes fois prouvé sa valeur, il reste un effectif taillé pour affronter au mieux la Ligue 1 et la Coupe de France et si les postes sont doublés, certaines absences peuvent être rapidement préjudiciables. C’est aussi pour ça qu’il ne faut pas non plus déborder sur les attentes à placer sur ce RC Lens, qui a certes réalisé une première partie de saison qui a dépassé tous les pronostics y compris des plus optimistes, mais qui reste un habitué du podium cerné par des écuries aux moyens bien supérieurs, avec une profondeur de banc importante, et qui n’ont d’ailleurs, comme Lens, pas manqué de profiter du mercato pour investir.

Doublure de luxe en défense comme à gauche, Massadio Haïdara manque cruellement en cette semaine à 3 matches.

Si on ne doute pas de la volonté des joueurs lensois eux-mêmes de rester bien accrocher à leur place sur le podium, depuis quelques temps les conséquences de leurs résultats ne sont bien souvent analysées, que ce soit par nous les médias ou sur les réseaux sociaux, plus que par le prisme de la Ligue des Champions quand il n’est pas carrément question du titre. Oui, depuis la mi saison, le RC Lens a vu le PSG prendre le large avec 8 points d’avance contre 2. Oui, Lens n’est plus 2e et Monaco, le 4e n’a plus que 2 points de retard contre 7. Mais l’avance sur le 6e et premier non qualifié pour l’Europe n’est jamais passé que de 10 à 8 points malgré un coup de mou qui s’étire sur quelques semaines. Rêver n’est jamais interdit, même généralement conseillé pour avancer, d’autant plus qu’on n’imagine pas encore cette période creuse s’éterniser. Car depuis 2 ans et demi, les recettes ont souvent été trouvées par les mêmes hommes dans les moments difficiles. Mais si on espère bien voir le RC Lens rester le plus haut possible, si l’on en croit capable, il ne faudrait pas qu’au-delà d’être ressentie comme une déception, une qualification pour la Ligue Europa ou même la Ligue Europa Conférence, étape logique dans la progression du club, devienne une contre-performance aux yeux de certains.