Joueuse de Reims, Magou Doucouré a été visée par des insultes racistes lors du 16e de Coupe de France entre son équipe et le RC Lens Féminin, dimanche dernier. Elle a porté plainte contre le spectateur, comme l’a fait également le Racing.

Pour L’Equipe, la joueuse raconte le calvaire qu’elle a vécu pendant la rencontre. Elle a longuement joué en tâchant de se contenir, particulièrement émue, avant de tenter d’aller s’expliquer avec le spectateur, en vain :

« Ça a commencé juste au début de la seconde période par « Numéro 3, prépare-toi mentalement ! » Jusque-là, rien d’anormal. C’est digne de supporters qui veulent charrier. Mais plus les minutes passent, plus il y a du harcèlement. Je me disais : qu’est-ce que j’ai fait pour qu’on s’en prenne à moi ? Des insultes d’abord à caractère sexiste. Que je condamne fermement, comme toute forme de discrimination. « Numéro 3, sale connasse, nique ta… tu te fais t… dans tous les sens. » C’était déjà choquant. Mais, ensuite, j’ai entendu : « Numéro 3, enlève ta perruque, retourne chez toi, retourne dans ton pays ! » Et à ce moment-là, je comprends pourquoi on s’en prend à moi… Toutes les émotions se sont mélangées. Je jouais en pleurant. Au moment où on obtient un penalty, je reste dans le rond central, je suis accroupie et je pleure. J’essuyais mes larmes tout en me retenant de pleurer à nouveau. Je me sentais tellement seule… (…) Je ne pensais qu’à une chose : à la fin du match, aller voir la personne pour comprendre. Je voulais comprendre ! Pourquoi cet acharnement ? je me dirige vers la tribune. On me retient. J’enjambe la balustrade. On me retient encore. Je pleure, je ne respire plus. On me dit : « Laisse-le, ça ne vaut pas le coup ». Mais moi, j’avais tenu le match, je ne voulais pas tenir une minute de plus. Peut-être que je semblais en colère mais c’était de la tristesse. On ne m’a pas laissé l’opportunité d’atteindre cette personne. »