Ancien joueur du RC Lens, Rigobert Song a frôlé la mort. Victime d’un AVC avec rupture d’anévrisme en octobre dernier, l’ex-capitaine Sang et Or est toujours hospitalisé à Paris.

Amaigri (60 kilos), le Camerounais se bat pour retrouver sa forme physique. Son terrible accident ne lui a laissé aucune séquelle. Il raconte ce fameux jour où tout a basculé : « J’étais devant la télé, sur mon canapé, à l’étage de ma maison, à Yaoundé, et j’ai ressenti un gros coup de fatigue. J’avais laissé ma porte ouverte parce que quelqu’un devait venir. Si ma porte avait été fermée à clé, c’était terminé… Ma famille était à Paris. Mon chien s’est mis à aboyer, l’animal a peut-être ressenti quelque chose… Le gardien est monté sans oser entrer. Puis la personne que j’attendais est arrivée. Heureusement… Et là, ils me voient sur le sol. Ma chance, c’est d’être tombé sur le côté, donc ma langue sortait. Mon gardien m’a parlé : « Boss, qu’est-ce qui ne va pas ? » Je ne répondais pas, il est allé chercher une cuillère pour me bloquer la langue. En fait, ma tension était à 25 et tout a explosé dans ma tête. Le sang a commencé à sortir de mon nez car j’étais incliné, mais si j’avais eu une autre position, il aurait pu envahir le cerveau et je serais « autre chose » aujourd’hui… Je n’ai quand même pas fait les choses à moitié, 25 de tension, c’est pas mal non ? (Rire.) »

Loin de se laisser abattre, Rigobert Song aide les autres malades de l’hôpital à guérir en effectuant avec eux des tests dont il fut lui même le candidat. Le Camerounais veut désormais profiter de la vie à pleines dents en ayant toujours une pensée pour son ancien coéquipier, Marc-Vivien Foé : « Aujourd’hui, j’essaye de comprendre les choses différemment. On ne voit plus la vie comme avant. La vie est belle. Je vais faire attention à plus de choses, ne pas fumer, boire. D’ailleurs, la cigarette, je ne supporte déjà plus l’odeur. Je n’avais jamais eu de problèmes de santé, sauf un gros coeur, comme beaucoup d’Africains. C’est ce qu’on avait constaté en Turquie, au club de Trabzonspor. Et on m’a donné des médicaments pour l’hypertension. D’ailleurs, mon erreur, c’est de ne pas les avoir pris les 2 mois avant mon AVC parce que je me sentais bien. Maintenant, je les aurai dans la poche tout le temps. (Rire.) Vous savez, quand je repense à tout ça…. Je suis arrivé à Paris, il y avait un monde fou, m’a-t-on raconté. On a dit que l’opération durerait 3 heures, elle a duré 9 heures. Et toutes ces personnes ont vu passer des patients décédés sur des brancards, recouverts par un drap. Ils croyaient que c’était moi. Tout le monde a pleuré, c’était comme un deuil national. Je suis vraiment revenu de très loin… Je me souviens de notre frère Marc-Vivien Foé. On était le matin ensemble, dans le vestiaire ensemble, sur le terrain ensemble, on se parlait, et il est parti… Les choses peuvent très vite changer. Je le sais encore plus aujourd’hui, car je suis un miraculé. »

(Source : L’Equipe)