Florent Ghisolfi va quitter prochainement le RC Lens pour Nice, afin d’occuper le même poste de directeur sportif. Celui qui prendra la direction du Sud avec le responsable de la cellule de recrutement Grégory Thil, à défaut d’entrer dans les détails des raisons de son départ, a livré son éclairage sur les conditions et le timing de ce changement qui a beaucoup surpris.

Lensois.com : Florent Ghisolfi, pourquoi quitter le RC Lens maintenant ?
Je ne m’étalerai pas sur les raisons car c’est toujours quelque chose de personnel et elles m’appartiennent. Je garde ça pour mes proches et mon entourage. J’ai beaucoup échangé avec Arnaud (Pouille). Sur le timing, c’est vrai que cela peut paraitre surprenant car nous sommes en cours de saison, mais je ne suis pas entraîneur ou joueur et dans notre métier de directeur sportif, le moins pire timing pour quitter un club et aller dans un autre, c’est septembre car le mercato est fait. On se prépare toute l’année pour ça et on l’a fait du mieux possible. C’est là que ça déstabilise le moins le club car l’équipe est construite et le club a le temps de se préparer au prochain mercato d’été.

Comment cela s’est-il passé avec le RC Lens ?
Dans ces cas là, ça va assez vite car le club qui m’a sollicité a voulu avancer rapidement. C’était acté samedi avec des discussions qui avaient forcément eu lieu avant. Ma priorité était de ne pas interférer sur le match de Lyon qui était très important pour notre saison. Je n’en ai donc parlé à strictement personne avant ce match et je voulais ensuite pouvoir en parler le plus tôt possible à la direction. Il se trouve que c’était avant le derby, mais je voulais en parler très tôt et en premier lieu à Arnaud (Pouille), Joseph (Oughourlian) ainsi que Franck (Haise). La confidentialité a été maintenue, c’est l’une de mes forces dans ce métier et je suis content que cela ait pu se dérouler de la même manière pour mon cas personnel car cela a permis de préserver nos intérêts sportifs.

Florent Ghisolfi n’imagine pas le groupe être perturbé avant le derby.

Quand allez-vous véritablement partir ?
Je suis un salarié comme tous les autres, en CDI. Je suis donc en droit de poser ma démission. Il y a un préavis et nous sommes en train d’échanger  pour trouver la meilleure solution pour tout le monde et surtout Lens. Je serai présent dimanche au derby. Je remercie d’ailleurs Arnaud de m’accorder cette autorisation. Je souhaite être en première ligne avec les joueurs pour ce match. Tant que je serai là, je donnerai le meilleur de moi et le club que je vais rejoindre en attendra tout autant. Je serai donc là dimanche. C’est un derby à venir mais je n’ai pas choisi le timing et si vous pensez que ce groupe peut être déstabilisé pour un match comme celui-ci, c’est mal le connaitre. Il y a 3 ans et demi le club était un peu traumatisé après 10 années compliquées mais aujourd’hui tout le monde reconnait que Lens a beaucoup de caractère et est capable de renverser des montagnes. Et je sais que dimanche, les joueurs le staff, tout le monde va répondre présent et donne le meilleur de lui-même.

« Alors en L2, j’avais dit que le jour où on terminerait devant le Losc, je pourrai partir tranquille ! »

Sur quel sentiment partez-vous ?
C’est difficile car ce groupe, on l’a construit de A à Z et chaque pièce du puzzle a été pesée. Ce groupe c’est ma fierté, ce staff c’est ma fierté. Je souhaite qu’ils fassent la meilleure saison possible. Je leur ai donné l’exemple de Luis Campos qui a quitté le Losc en cours de saison et les Lillois ont été champions ensuite. Je pense que ce titre, c’était le sien aussi. Je souhaite que Lens fasse sa meilleure saison et je suis persuadé que le club atteindra une place européenne car il le mérite et tout le monde travaille dur pour ça. J’ai présenté à Arnaud il y a 3 ans et demi un projet sur un cycle de 3 ans. Sur ce cycle, toutes les cases ont été cochées et peut-être même plus. Je pars avec le sentiment du devoir accompli totalement. Le club a encore des perspectives de développement. J’avais dit une fois autour d’un apéro, alors qu’on était en L2, que le jour où on finira devant Lille, je pourrai partir tranquille, alors que les Lillois étaient à un autre niveau en Ligue 1. J’aurais dû me fixer des objectifs plus élevés ! (sourire).

Florent Ghisolfi sera présent auprès du groupe pour le derby.

Quelle a été la réaction des joueurs et du staff lorsque vous leur avez parlé pour leur annoncer votre départ ?
Ce que je sais c’est qu’il y a beaucoup de respect, de fierté d’un côté et de l’autre. Ils sont ma plus grande fierté derrière mes enfants, je le leur ai dit. Je ne suis pas sur le terrain, pas entraineur, j’ai fait mon travail du mieux possible. L’effectif et le staff sont construits et je n’ai pas de doute sur la tenue de la saison et l’énergie qu’il y aura sur toute la saison. Ce serait donner trop d’importance à ce poste sur les résultats à court terme. Ce sont des situations qu’ils ont déjà vécues, ils sont habitués à ce qu’il y ait des changements autour d’eux, eux-mêmes sont amenés à bouger, les dirigeants ça peut leur arriver aussi, les membres des staffs également. C’est aussi l’occasion de vivre certaines émotions et c’est le cas.

Chez les supporters, on ressent de l’incompréhension, parfois même de la colère. Le comprenez-vous ? Que pouvez-vous leur dire ?
Aux supporters je leur dis merci. J’ai toujours vu d’un mauvais œil les gens qui quittaient un club en criant leur amour, alors l’amour que j’ai pour Lens, pour l’effectif, le staff, je vais le garder pour moi, au fond de mon coeur. Je veux juste dire merci à tous les gens du club. Je pars avec le cœur rempli de choses. L’incompréhension, je la comprends tout à fait, surtout quand on a les yeux rivé sur ce qui se passe en ce moment. On vit une dynamique exceptionnelle mais dans mon métier, pour sortir le plus propre possible, c’est maintenant. J’assume ce changement là mais la principale chose est de remercier tout le monde. Je reçois des témoignages incroyables et je veux remercier les gens car c’est l’une des plus belles choses qui puissent arriver dans une vie. Pendant 3 ans et demi, je me suis investi comme un fou. Bien sûr, c’est difficile de partir maintenant mais je préfère le faire le cœur rempli de ces paroles et de ces énergies. Bien sûr que c’est un club incroyable, un des plus magiques en France. Il est très singulier. L’incompréhension est légitime et je ne chercherai pas à justifier certaines choses. Les raisons m’appartiennent.