Le RC Lens se déplace à Lorient dimanche (23e journée de Ligue 1, 13h, à suivre en direct sur Lensois.com et diffusé en intégralité sur Prime Vidéo) avec la volonté de pouvoir se montrer plus solide que ces dernières semaines, sans pour autant galvauder ses habituelles valeurs offensives. Franck Haise fait le point.

Lensois.com : Franck Haise, que retenez-vous des 2 défaites consécutives concédées en championnat contre Marseille (0-2) puis en Coupe de France contre Monaco (2-4) ?
C’était 2 matches différents. Sur Monaco, il y a un parallèle avec ce qu’on a vécu en Coupe contre Lille. Nous étions plutôt dominateurs sur les entames en obtenant aussi les premières occasions puis en l’espace de quelques minutes, on a pris des buts sur des transitions. Toutes les occasions et les buts des matches contre Monaco et Lille sont sur des transitions. Ce n’est pas le cas en championnat où on est à moins de 20% de buts encaissés en transition. Est-ce que c’est parce qu’on a voulu mettre beaucoup d’allant très vite, ce qu’on a fait, mais en oubliant certains principes importants sur les équilibres, les marquages ? On l’a payé à chaque fois. En Coupe, on se lâche complètement dès le début. Finalement, ça nous avait souri contre Lille mais pas contre Monaco, même si on n’était pas loin du 3-3. On a repris toutes les occasions en vidéo avec l’ensemble du groupe. Sur ces occasions, il y a un certain nombre de ballons perdus dans notre animation offensive qui sont largement évitables et il y a aussi des choses au moment de la transition ou dans les 5 ou 6 secondes qui suivent. Toutes les occasions de Monaco interviennent entre une et 5 passes après la récupération. Là, on n’a pas été performants. Mais quand je revois le match, je ne pensais pas qu’au bout d’un quart d’heure on perdrait 3-0 quinze minutes plus tard. C’est toujours la même chose, il faut progresser, travailler, apprendre des erreurs. Il y en a sur tous les terrains, à nous d’en faire moins, notamment sur le plan défensif mais il y a aussi des ballons qui ont été perdus de façon évitables.

Quels problèmes avez-vous identifiés qui vous empêchent d’être solides et comment faire pour rééditer durablement des performances comme celle face à Rennes, contre qui vous n’avez laissé que des miettes ?
Si on prend Rennes, on n’avait pas modifié nos principes mais on avait décidé d’être dense avec un bloc beaucoup moins haut, moins de volonté d’aller chercher l’adversaire et tout le monde avait très bien défendu. C’est aussi une question de mentalité. Jeudi, j’ai pris les défenseurs centraux et notamment les 3 titulaires contre Monaco pour leur montrer tout ce qu’on doit corriger. On a un état d’esprit très joueur que je prône, mais je ne prône pas le fait de ne pas être rigoureux, concentré et parfois dur. Il faut trouver cet équilibre. Il y a la période où on a le ballon et celle où on le perd. Il faut que le cerveau switche et là y a encore du travail. Les joueurs sont au courant de ce qu’on n’a pas réussi à faire, mais c’est aussi une question de principe, moins on va s’ouvrir, plus on va se mettre en position de contrer et forcement on va encaisser moins de situations, mais pour autant, est-ce que c’est ce que l’on veut faire uniquement ? Non. Il faut trouver cet équilibre et le switch mental est important pour vite passer d’une attitude à une autre.

« Le système, un faux débat »

Seriez-vous prêt à changer de système ?
On n’a pas vraiment de latéraux. Pour ça il faut avoir les joueurs. Les pistons ne sont pas des latéraux. Si je mets Jonathan Clauss ou Przemyslaw Frankowski dans un système où ils jouent comme des latéraux, on ne verra plus leurs qualités et on verra peut-être plus leurs défauts. On a pris des pistons et c’est un parti assumé. Ça n’empêche pas qu’on fait des fins de match à 4, mais c’était avec des joueurs offensifs sur les côtés. Ce sont plus des coups. Le seul qui a le profil du latéral dans l’effectif, c’est Massadio Haidara. Les autres, si on veut utiliser leurs forces, c’est en piston qu’ils ont besoin de jouer. Le système est un faux débat. C’est d’abord une question de joueurs. Ça n’empêche pas que l’on doit savoir défendre à 4 quand un piston a avancé par exemple, où à 3 quand les 2 l’ont fait.. Chaque situation est différente. C’est l’adaptation des défenseurs ou des défensifs qui comptent.

C’est un choix assumé de ne pas prendre de vrais arrières latéraux, mais ils sont aussi rares de toute façon n’est-ce pas ?
Au-delà du fait que ce soit rare, ce qui l’est c’est d’avoir des pistons en mesure d’être autant impactant offensivement que défensivement. Ça c’est difficile. Quand on joue avec des pistons, soit ce sont des pistons qui impactent plus sur l’aspect offensif ou alors ce sont des défenseurs dans l’âme avant tout, qui vont bien tenir défensivement mais qui ne vont pas apporter assez offensivement. Quelqu’un comme Massadio Haïdara, même s’il est défenseur dans l’âme, est tout de même capable d’apporter offensivement mais quand on a fait le recrutement, nous avons fait le choix assumé de trouver des profils capables d’apporter beaucoup offensivement. Pour les pistons, c’est le switch qui doit s’opérer. Ils peuvent être très haut et devoir faire une course à haute intensité, elle ne peut pas être faite quelques secondes plus tard. Il y a aussi parfois des couvertures dans le dos qui mettent du temps, c’est du travail. Il y a des choses sur lesquelles le piston doit être réactif à la perte mais aussi sur lesquelles les autres joueurs doivent pouvoir être dans l’anticipation. C’est une mécanique de précision.

Propos recueillis par Christophe Schaad