Arrivé l’été dernier de Clermont, Fabien Centonze s’est très vite imposé comme l’un des plus jolis coups réalisés par le RC Lens lors du mercato. Mais cet ancien ailier reconverti arrière droit il n’y a pas si longtemps attend tout de même bien plus encore de lui-même. Entretien.

Lensois.com : Fabien Centonze, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous après la victoire 2-1 obtenue samedi à Bollaert contre Nancy ?
L’état d’esprit est positif. C’est toujours bon pour le moral et la confiance de gagner, surtout que nous en avions besoin. Nous étions dans une période assez compliquée. Juste avant la trêve nous avions perdu à domicile contre Ajaccio (1-2, 19e journée de Ligue 2) puis nous avons perdu chez le dernier, au Red Star (1-0, 20e journée de Ligue 2). Nous n’étions pas vraiment en confiance, mais cette victoire fait du bien à tout le monde. Elle nous permet aussi de renouer un peu avec les supporters.

Il a beaucoup été question de confiance avant la rencontre et dans cette période difficile. A titre personnel vous sentiez-vous atteint à ce niveau ?
Il y a toujours un petit doute quand on enchaine les mauvais résultats. Forcément, on ne joue plus le même football. En début de saison, tout nous réussissait et on se permettait de tenter des choses que nous ne pouvons pas nous permettre en ce moment. Dans une période difficile, on veut se mettre à l’abri et moi, en tant que latéral, je vais être encore plus focalisé sur le fait de ne pas prendre de but, moins aller vers l’avant que je ne pouvais le faire auparavant, pour mieux défendre.

En début d’année, vous disiez que vous ne pouviez pas vous satisfaire de votre première partie d’exercice alors que vos performances étaient souvent louées. Qu’est-ce qui vous a dérangé sur cette première partie de saison ?
Je suis très exigeant envers moi-même. Je sais ce que je suis capable de faire. Même si les gens pensent que j’ai fait une bonne partie de saison, je sais que je suis capable de faire beaucoup mieux. Elle n’a pas été mauvaise, ce n’est pas ce que je dis, mais je peux apporter plus offensivement, être plus rigoureux, plus agressif, plus hargneux défensivement. Je sais que je peux le faire et je ne l’ai pas assez fait. J’essaye de corriger ça pour être plus performant sur la 2e partie de saison. Je ne me focalise pas sur mes statistiques offensives, les passes décisives, les buts. Mon objectif premier est de nous éviter d’en prendre. Dès que l’on termine un match sur une victoire et sans but encaissé, je suis satisfait. Les buts et les passes, c’est du bonus, une récompense des efforts fournis dans le match. Ce n’est pas une priorité. Mais tant mieux si ça arrive !

« Je me suis rendu compte qu’en professionnel, j’étais plus performant en tant que défenseur »

On sait que vous n’étiez pas arrière droit à l’origine mais plutôt ailier. Comment avez-vous fait cette transition assez tardive ?
Ce changement de poste est arrivé il y a 4 ans alors que j’étais à Evian-Thonon-Gaillard. Je devais passer des U19 nationaux au National 2. Mais comme le club est descendu de la Ligue 1 vers la Ligue 2, beaucoup de départs sont survenus. On a demandé à beaucoup de joueurs des U19 et de la réserve de compléter le groupe pendant la préparation. Cela ne devait durer qu’un temps alors qu’il fallait attendre un nouveau staff après le départ de Pascal Dupraz. Safet Susic est arrivé avec Romain Revelli. Il a renvoyé un bon nombre de joueurs dans les différentes catégories sauf 3 ou 4 dont je faisais partie. Nous avons été conservés pendant toute la préparation, mais j’ai eu un peu de chance car les défenseurs qui étaient Alioune Fall et Kassim Abdallah se sont retrouvés indisponibles pour blessure et suspension. Le coach m’a annoncé que j’allais donc jouer arrière droit pour le premier match de la saison contre Nîmes (0-0, le 31 juillet 2015) alors que je n’avais jamais joué arrière, je ne savais pas ce que c’était ! J’ai fait un gros match et depuis j’ai alterné latéral droit, latéral gauche, en jouant quelques matches en tant qu’ailier. Mais ce n’était jamais vraiment fixe. C’est à Clermont que je suis allé voir Corinne Diacre pour lui parler de mon poste avec la volonté de pouvoir me perfectionner dans ce registre de défenseur.

Pourquoi avoir demandé à vous fixer dans ce registre plutôt que celui d’ailier ?
Je me suis rendu compte que dans le monde professionnel, j’étais plus performant en étant défenseur qu’excentré devant. Je m’en suis aperçu au bout de quelques matches. Même mes proches ne me disaient que du positif sur mes matches en tant que défenseur, par rapport aux autres. C’est pour ça que j’ai voulu m’installer définitivement à ce poste. Je savais que dans ce registre, à condition de m’appliquer, de rester bien concentré, j’allais pouvoir réaliser de bonnes choses. Jusqu’à présent, ça ne m’apporte que du positif.

Avec la Marek, on se sent privilégié d’évoluer au RC Lens quand on est latéral ?
Oui, c’est très impressionnant ! Quand on fait un déboulé sur le côté et qu’il y a ces milliers de supporters le long du terrain qui te poussent , qui crient, tu as l’impression d’avoir un surplus d’énergie, que tu es inarrêtable ! Tu te sens en confiance, pousser des ailes. Cela donne vraiment envie de se déchirer.

Propos recueillis par Christophe Schaad