Gardien numéro un du RC Lens depuis son arrivée en 2018, Jean-Louis Leca doit partager depuis janvier ce statut avec Wuilker Farinez. Dans une logique de transition pour l’avenir du club, ils sont désormais co-numéro un et devraient généralement enchaîner tour à tour 2 matches chacun à l’avenir.

Présent en conférence de presse ce vendredi à 2 jours d’un Lorient-RC Lens qu’il disputera, le portier est revenu longuement, avec la passion qu’on lui connait et beaucoup de franchise, sur ce changement qu’il espérait voir survenir le plus tard possible mais qu’il aborde avec la volonté de mettre le club au centre des préoccupations avant tout :

« Le plus important, ce n’est pas le gardien mais le RC Lens. Je sais ce que j’ai dit depuis 4 ans, devant vous. J’ai souvent dit que le plus important n’est pas l’individualité mais le club. Si aujourd’hui, je vous tiens un autre discours, ça veut dire que pendant 4 ans je vous ai berné et que je n’ai pas été une bonne personne. Depuis un mois que l’on m’a annoncé ça, vous voyez toujours la même personne à l’entrainement, le même professionnel qui prend plaisir à s’entrainer et performer. J’ai dit que j’allais accompagner mon successeur et que ça avait été pensé par les dirigeants, que c’était quelque chose qu’on avait pensé ensemble. Je suis très fier d’avoir eu Wuilker avec moi car l’homme est exceptionnel et je vais me tenir à ce que j’ai dit depuis le début. Je sais aussi ce que je n’ai pas dit. J’entends beaucoup parler du fait que j’ai 36 ans, que c’est bientôt la fin, etc. Je n’ai jamais dit qu’en accompagnant Wuilker, j’allais me mettre en pré-retraite, être remplaçant tranquillou. Si je pense une chose comme ça, ça veut dire que je viens au RC Lens, que je prends mon salaire et que je fais ma petite vie à côté, avec un peu de pinard. C’est une attitude à travers laquelle je ne serais pas professionnel. J’ai eu une discussion avec mon entraîneur qui s’est très bien passée. Je n’ai aucun problème avec le coach. On a échangé. Il a un point de vue. Je le respecte car c’est mon patron. Après, je suis quelqu’un d’ambitieux. Depuis 18 ans je me suis levé tous les lundis matin en étant persuadé que j’allais jouer le week-end. Et aujourd’hui, je me lèverai encore tous les lundis matin en étant persuadé que je vais jouer le week-end qui va arriver. J’ai été numéro 2, numéro 3, alors quand on va me dire : « Jean-Louis, ce n’est pas toi qui joue ce week-end, c’est Wuilker », je serai derrière mon numéro un comme je l’ai toujours été. Je ne sais pas ce qu’il se passera dans 6 mois. Je ne me projette pas. Si j’ai toujours cette forme là, cette même envie d’arriver 2 heures avant l’entraînement pour faire de la musculation, travailler sur le terrain et même rester encore après la séance parce que j’aime mon métier, je serai dans une continuité. Si ça dure et que ça doit rester jusqu’à 40 ans, je ne m’en priverai pas, et toujours avec cette même mentalité. Quand mon entraîneur me dit ça, si je vous dis que je trouve ça génial, que j’ai super apprécié la discussion, que tout est beau,tout est rose, vous me connaissez, je suis compétiteur, j’aime gagner, j’ai une grinta, alors bien entendu que quand depuis 10 ans je suis titulaire et qu’on on me dit : « Jean, on va commencer à lancer Wuilker», ça me touche. Vous dire que j’ai bien pris, que tout va bien dans le meilleur des mondes, c’est mentir. On a tous un ego, on se pose tous des questions à un moment donné. A travers tout ce que j’ai fait au club depuis mon arrivé, je sais que je suis performant, que je peux encore l’être. Bien entendu je suis surpris même si je savais que ça allait arriver. Je ne pensais peut-être pas maintenant, après mon entraineur a sa vision des choses, je la respecte car c’est le patron. Quand le coach fera appel à moi, je donnerai le maximum pour mon équipe et mon club. Quand il fera appel à moi dans un rôle de n°2 je donnerai le maximum aussi pour mon groupe et mon club. Il n’y aura jamais de problème entre Jean-Louis Leca et le RC Lens. Je veux juste qu’on continue de performer comme on l’a fait depuis 20 mois. L’an dernier, on a failli attraper l’Europe après une saison exceptionnelle. Sur ces 6 premiers mois, hormis décembre qui a été plus difficile, on n’est pas loin. J’espère juste qu’on va continuer. Que je sois n°1 ou 2, je donnerai le maximum. Il n’y aura jamais de problème entre Jean-Louis Leca, les dirigeants, le club, mon entraîneur et les gens avec qui j’ai travaillés. Cette expérience, si on l’avait écrite à mon arrivée et qu’on m’avait dit que ça allait se passer comme ça, je pense que je n’aurais pas pu l’écrire plus belle. J’ai un profond respect pour mon club, mes supporters. Je me sens vraiment impliqué, je sais que je fais partie de cette famille et il n’y aura jamais de problème entre elle et moi. »

Propos recueillis par Christophe Schaad