Le RC Lens  a officialisé ce mercredi matin la signature d’un partenariat technique en matière de formation avec le club arménien du Sardarapat FC. Avec l’objectif de l’aider à devenir la meilleure académie de son pays et de créer deux équipes professionnelles, une masculine, une féminine. Mais aussi d’en récolter peut-être un jour les fruits en ayant un œil dès la base sur l’émergence de joueurs à fort potentiel.

Eric Assadourian, directeur du centre de formation du RC Lens et ancien international arménien, était présent ce mercredi midi aux côtés du fondateur de ce jeune club arménien, Sevan Karian, dans l’amphithéâtre de la Gaillette pour présenter la signature de ce partenariat. Le RC Lens partagera ainsi sa méthodologie avec son partenaire arménien avec le souhait de créer des liens durables entre les éducateurs des deux clubs. Le Racing apportera aussi une participation financière à la consolidation de cette académie. Dans le sens inverse, cela va permettre aussi au RC Lens d’assurer un suivi sur des joueurs qui pourraient montrer un fort potentiel. 2 jeunes ont par exemple déjà été intégrés par le passé pour une phase d’immersion au RC Lens. Ils ont ensuite quitté le club pour rejoindre Sardarapat avec un bilan et un programme de travail qui doivent les aider à poursuivre leur développement en Arménie… avant un éventuel retour à Lens en post-formation si les promesses affichées se concrétisent  ? On espère en tout cas, à Lens, ne pas passer à côté du futur Mkhitaryan.

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Eric Assadourian, directeur de la formation au RC Lens.

« C’est le lien entre un club avéré en France et en Europe, et un club créé sous l’impulsion de Sevan Karian. Les intérêts de l’un et de l’autre se rejoignent, pour optimiser des potentiels dans un pays émergent, commente Eric Assadourian. Il était important pour nous d’être présent et de permettre au RC Lens et à Sardarapat de trouver un lien étroit et technique, en donnant une possibilité un jour aux jeunes de s’inscrire dans un projet au Racing . » Ce projet est bâti sur les bases de l’élan que la fédération arménienne souhaite donner à son football, sous l’impulsion de son président Armen Melikbekyan. « Il y a quelques pays dans ces régions là notamment qui ont toujours quelque joueurs qui émergent comme un Mkhitaryan mais peut-être aussi le Géorgien de Naples (Khvicha Kvaratskhelia), refusé par pratiquement tous les clubs français à moment donné. Si on veut anticiper ce genre de potentiel, il faut être présent à la base avec le joueur dans sa formation », explique Eric Assadourian.

La mentalité de la jeunesse arménienne mise en avant

Pourquoi ce club arménien ? Il y a plusieurs raisons, outre le potentiel footballistique décelé. Sevan Karian, fondateur de ce club basé dans une ville située à 45 kilomètres d’Erevan et qui évolue actuellement au 3e échelon du football arménien par l’intermédiaire de son équipe U18, avaient des contacts avec Eric Assadourian mais aussi Joseph Oughourlian, président du Racing aux origines arméniennes et investis « des beaux projets ». La réputation du RC Lens en terme de formation avait de quoi attirer aussi Sevan Karian, qui s’est d’abord interrogé sur la possibilité pour l’Arménie de développer son football quand d’autres pays de petite taille comme l’Uruguay, l’Islande ou la Croatie parviennent à sortir régulièrement des joueurs de valeur.  Mais aussi parce qu’il y aurait une mentalité en Arménie chez les jeunes de nature à correspondre aux valeurs lensoises pour Eric Assadourian : « Par mes origines, je connais la mentalité qui anime la jeunesse arménienne, des jeunes avec des valeurs transmises par les plus anciens et plein d’ambitions. Ils ont cette philosophie qui correspond à l’identité du RC Lens. On se devait, par notre connaissance de l’endroit, d’être présent et d’être dans l’anticipation. »

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Sevan Karian, fondateur du Sardarapat FC.

Les différentes parties espèrent voir les premiers fruits tombés d’ici 5 à 10 ans. Ce partenariat pourrait aussi offrir une belle porte sur l’avenir pour plusieurs jeunes arméniens, qui évoluent aujourd’hui dans un contexte difficile, la guerre n’étant pas loin de ses frontières.. « C’est un pays enclavé, avec aussi un blocus économique de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. Je pense que pour les jeunes arméniens, la motivation pour le football est d’autant plus grande, car c’est le foot pro ou le service militaire. » commente Sevan Karian. Celui-ci, d’une durée de 2 ans, est censé être obligatoire en Arménie, pays d’ex Union soviétique. Mais la fédération arménienne a obtenu une exemption pour ceux qui auraient l’opportunité de rejoindre le monde pro ou de signer un contrat stagiaire à l’étranger, alors qu’une équipe réunissant les meilleurs censés partir au service militaire a été créée pour leur permettre d’évoluer dans le championnat de première division et ainsi ne pas freiner leur progression. Sardarapat espère de son côté atteindre le haut niveau d’ici 3 ans. « Uniquement avec des joueurs arméniens, issus de l’académie ou bloqués dans d’autres clubs », précise Eric Assadourian. Dont certains seront donc peut-être amenés à porter un jour le maillot du RC Lens.