Le mouvement ultra est né dans les années 1960 en Italie. Il existe du côté du RC Lens avec notamment le groupe de supporters « Les Red Tigers ».

Historien à l’université du Luxembourg, Sébastien Louis vient de publier « Ultras, les autres protagonistes du football » qui revient sur la naissance de ce mouvement et son évolution sociétal. Dans son essai, l’historien donne une grande importance politique à ce phénomène :

« Le stade est un laboratoire de la répression. Les autorités italiennes et d’autres pays se permettent des choses qu’elles ne feraient pas pour la plupart des autres citoyens. Les ultras sont une catégorie parfaite pour tester différentes méthodes de maintien de l’ordre. Les principes constitutionnels sont remis en cause sous couvert de la sécurité des citoyens. L’aliénation sécuritaire, caractéristique de nos sociétés occidentales anxiogènes, a gagné depuis longtemps les stades, où l’on peut tester des méthodes de contrôle de la foule. Si on se bat pour la politique, à l’université, pour le droit au logement, tout le monde va le comprendre. En revanche, quand c’est du foot, cela peut apparaître superficiel : on peut être rapidement ridiculisé, puis diabolisé par les tenants de l’ordre moral. Les phénomènes de contrôle se sont accélérés avec la transformation du foot dans les années 90. Ce n’est plus un sport mais une industrie des loisirs, un spectacle mondialisé. Il fallait donc se débarrasser des ultras, qui sont les syndicalistes d’un football populaire : ils défendent des valeurs, ils revendiquent des places à des tarifs abordables et s’opposent à ceux qui ne voient dans ce spectacle qu’un moyen de gagner de l’argent ou d’être un instrument de géopolitique. »

(Source : Libération)