Il y a 18 ans, en 2004, Alou Diarra était convoqué en équipe de France alors qu’il venait d’arriver au RC Lens. En 2006, lors de la finale du Mondial perdue contre l’Italie, il a honoré sa dernière sélection en Bleu en tant que Lensois avant de partir à Lyon. Depuis, Jonathan Clauss est donc le premier lensois à lui succéder. L’adjoint de Franck Haise, 44 sélections en équipe de France, partage son regard, son expérience, et nous en dit plus sur ce qui attend le piston droit du côté de Clairefontaine.

Lensois.com : Alou Diarra, que ressentez-vous après la convocation de Jonathan Clauss en équipe de France ?
C’est une énorme fierté pour le groupe, pour lui, pour son travail, pour son engagement. C’est un joueur de qualité, il ne faut pas l’oublier. Au club, il a montré semaine après semaine qu’il était performant à son poste. Il fait aujourd’hui partie des meilleurs français et c’est donc logique qu’il soit sélectionné. On est fier de lui, de ce qu’il a accompli et accomplit encore pour atteindre cette sélection qui n’est pas facile à décrocher. Tout le mérite lui revient. A lui de profiter de ces moments magiques avec son environnement et ses proches car c’est quelque chose d’extraordinaire, d’autant plus quand on connait son parcours.

Vous étiez jusqu’ici le dernier lensois convoqué en équipe de France. La première sélection était survenue en 2004 et à l’époque, c’était un peu une surprise. Comment vit-on ce genre de moment ?
Vous les journalistes n’étiez pas sûrs, moi je l’étais à l’époque, parce que le sélectionneur me connaissait et j’avais mes certitudes sur le fait que ça allait venir ! J’étais dans mon appartement, tout seul et j’attendais cette liste. Quand j’ai vu mon nom apparaitre, c’était une fierté, mais c’était une continuité après mon passage en Espoirs. Les A étaient alors mon objectif et cela avait pu aller plus vite que prévu parce que le sélectionneur (Raymond Domenech) m’avait eu en Espoirs et en 20 ans. Je savais donc que j’allais avoir mes chances même si c’était plus tôt que ce que j’imaginais. En août 2004, j’étais persuadé que j’allais intégrer cette sélection même si j’étais jeune.

A travers votre expérience, que pourrez-vous lui conseiller pour aborder au mieux le moment d’intégrer le groupe tricolore ?
Il y aura beaucoup d’émotions, il va être entouré de grands joueurs et maintenant il fait partie de ce cercle. Il faut surtout qu’il reste lui-même, qu’il garde sa personnalité, sa fougue et ne pas se poser de question. Quand on vit des moments comme ça, il faut les vivre à 100 à l’heure, il faut qu’il observe, s’épanouisse et se libère. Il a 29 ans et je pense qu’il a tout pour s’inscrire dans ce groupe France car il a un profil intéressant pour le sélectionneur. Dans ces moments là, ça bouillonne, on a hâte d’y être, avec un match de championnat juste avant, il y a sûrement plein de questions qui se posent dans sa tête mais je pense qu’il veut juste profiter avec ses proches pour l’instant. C’est une belle récompense pour ce joueur au parcours atypique mais qui a les qualités pour être international.

« 16 ans depuis ma dernière sélection avec Lens, c’est énorme… »

18 années séparent votre première convocation en Bleu et celle de Jonathan Clauss, à chaque fois avec le RC Lens. 16 années si on part de la finale du Mondial 2006, votre dernière sélection en tant que joueur du Racing. Imaginiez-vous à l’époque que ça allait prendre autant de temps ?
Non. Ça prouve que le club a vécu des années difficiles. 16 ans, c’est énorme, surtout pour un club comme Lens. La chance qu’a Jonathan aujourd’hui, c’est qu’il est un joueur de Lens, un club qui compte dans le paysage du football français. Quand on est un joueur qui a des qualités, on a une chance d’être sélectionné en étant à Lens. C’est encore prouvé avec cette liste. Lens est un club qui compte. Jonathan performe depuis plus d’un an, il prouve ses qualités offensives mais défensivement aussi. Sa convocation prouve qu’il donne aussi des garanties défensives.

L’avez-vous senti progresser défensivement ces derniers mois ?
Oui. Il a évolué. Il anticipe un peu plus. C’est un joueur porté vers l’attaque, il a beaucoup d’allant mais il sait qu’à son poste, on ne peut pas négliger l’aspect défensif. Je pense qu’il s’est remis en question et qu’il s’est beaucoup équilibré sur les plans offensifs et défensifs de son jeu.

De ce que vous retenez de votre expérience en équipe de France et notamment les premières semaines, à quel point cela va le faire progresser ?
C’est une certitude que les quelques jours qu’il va passer là-bas vont le faire grandir. Il va apprendre beaucoup de choses, observer, écouter et produire. Pour lui, ce n’est que du bénéfice. J’espère qu’il sera lui-même et aussi qu’il aura les minutes pour s’exprimer car c’est bien de faire partie de la sélection mais entrer sur le terrain, c’est autre chose ! Il a des choses à montrer comme il le fait tous les week-ends en Ligue 1. Il le vit à 29 ans, mieux vaut tard que jamais et c’est tout à fait mérité. Il sera jugé sur le terrain mais pas seulement. Je l’ai senti à l’époque et le fait d’être toujours à fond, de me tenir prêt, a permis au sélectionneur de me prendre à plusieurs reprises.

Propos recueillis par Christophe Schaad

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