Voir Jonathan Clauss rejoindre l’équipe de France est une grande satisfaction pour le RC Lens et notamment son entraîneur Franck Haise. Acteur et témoin de la progression de son piston droit, il nous livre son regard sur cette superbe étape franchie et qui ne doit surtout pas être prise comme une fin en soi.

Lensois.com : Franck Haise, quel est votre sentiment après la convocation de Jonathan Clauss en équipe de France ?
C’est quelque chose de magnifique pour « Jo ». Il a eu un parcours particulier, atypique et être aujourd’hui sélectionné en équipe de France, avec l’espoir de le voir faire ses premiers pas en Bleu sur le terrain, c’est magnifique. De façon générale, c’est magnifique aussi pour le club. La dernière fois qu’un Lensois est allé en équipe de France remonte à quelques années, j’en ai parlé avec Alou ! (Diarra, convoqué en tant que lensois de 2004 à 2006). Pour le club, c’est aussi un moment fort et important. Je n’ai pas pu dire un petit mot devant les joueurs pour Jonathan parce qu’ils ont chanté pendant 10 minutes ! (sourire). J’ai applaudi avec eux. Il y avait beaucoup d’émotion aussi, ce n’était pas le moment de dire quoi que ce soit. Il y aura sans doute d’autres moments pour en parler.

Le changement tactique opéré par Didier Deschamps avec l’adoption d’un système en 3-5-2 n’a-t-il pas grandement joué en sa faveur ?
Le sélectionneur joue depuis quelques temps avec des pistons, à partir de là, Jonathan faisait effectivement partie des gens très crédibles pour le poste. Il l’était depuis un moment déjà. Le sélectionneur et son staff scrutent tous les matches et s’il est là aujourd’hui c’est qu’il y a de vraies raisons mais forcément le poste et le profil de Jonathan sont importants.

« Il lui a fallu beaucoup de résilience, d’endurance… »

C’est un beau message pour les joueurs qui n’arrivent pas à sortir du centre de formation et connaissent un parcours un peu cabossé…
C’est toujours fort. Il a eu un cursus différent. Il a connu la formation à Strasbourg mais après il a aussi connu beaucoup d’années difficiles durant lesquelles il lui a fallu beaucoup de résilience, d’endurance, continuer à toujours y croire… C’est un exemple magnifique pour plein de joueurs même si tous ne finiront pas en équipe de France.

N’est-ce pas aussi l’occasion de démontrer que l’on peut venir jouer au RC Lens et aller en équipe de France ?
Les joueurs savent déjà qu’à Lens, il y a un terrain pour s’exprimer. C’est déjà une chose que les joueurs savent depuis quelques temps. Ce qui est sûr c’est qu’un joueur de Lens est de nouveau en équipe de France et pour le club, c’est une excellente nouvelle. C’est aussi le travail d’un certain nombre de personnes au RC Lens qui est mis en valeur. Le premier c’est celui de Jonathan mais tout le club peut être fier de cette sélection.

L’émotion sera-t-elle à prendre en compte avant le match de Clermont ?
Ce qui est bien c’est que le sélectionneur l’a annoncé 48 heures avant et pas une heure avant le match ! (rires). C’était un bon moment d’émotion. C’était il y a 18 ans pour Alou, il m’a raconté que lui l’avait vécu seul dans son appartement. On était 30, il y avait les joueurs, le recrutement, je pense notamment à Florent Ghisolfi et Alex (Alexandre Pasquini) notre analyste vidéo, le staff médical… Il y avait beaucoup d’émotions positives mais il va y avoir le temps de les digérer pour faire un bon match contre Clermont.

« Il a grandi en même temps que le club a repris une nouvelle dimension »

Il a reconnu récemment avoir parfois eu du mal à gérer cette effervescence autour de lui, de ses prestations, alors qu’il existait un élan demandant sa sélection, que ce soit populaire ou médiatique. Est-ce qu’il a fallu intervenir ?
On a eu quelques discussions mais qui n’étaient pas liées à l’équipe de France, ou pas directement, mais au fait que parfois on peut se mettre un peu plus de pression, oublier des choses essentielles et basiques. Ce n’était pas du recadrage mais pour l’aider à ne pas oublier les bases de ce qu’il est et de son jeu. On a affaire à de l’humain et on peut vite l’oublier. Il y a des failles, des forces et il faut l’accepter. C’est une récompense exceptionnelle pour lui, mais c’est le début de quelque chose, surtout. Pour moi, ce n’est surtout pas une conclusion. C’est le début d’une autre aventure.

Imaginiez-vous une telle suite au moment de vos premiers contacts avec lui ?
C’était pendant le confinement, en avril. On est resté pratiquement une heure au téléphone alors que j’étais dans mon jardin. J’avais prévu de l’appeler alors qu’il se rapprochait du projet. Quand on parle à un joueur, souvent ça dure 5, 10, 15 minutes… Et là ça a duré près d’une heure. On a beaucoup parlé du système mais aussi de son parcours, de plein d’autres choses, de la nature, de la pêche, de la famille, de la vie quoi, tout simplement. Dire que je savais à l’époque qu’elle allait être son destin ou même celui du club, non mais c’est pour ça que les histoires sont belles dans le sport. Des fois il y en a de très belles. Sur les vidéos que l’on voyait de lui en Allemagne, il y avait quand même des choses très intéressantes. L’Allemagne avait repris le championnat en 2019-2020 et donc sur la fin de sa saison, on l’avait aussi vu jouer plus milieu excentré côté droit. Il avait marqué des buts et j’avais donc pu voir tout le potentiel offensif. Après on l’a vu arriver, il y a eu les premières séances, les premiers matches et il a grandi en même temps que le club a repris une nouvelle dimension. Il fait partie de ceux qui l’ont aidé.

Propos recueillis par Christophe Schaad

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