Jonathan Clauss ne l’a jamais caché : il a parfois connu, dans les premières années de son parcours de footballeur, des moments de relâchement qui l’ont tenu éloigné des exigences professionnelles. S’il a pris des chemins de traverse, cédé aux sirènes de la fête pendant quelques temps alors qu’il évoluait chez les amateurs, il n’a jamais abandonné son rêve et démontre que la volonté et la persévérance peuvent vous changer en véritable exemple. Se retrouver hors du circuit professionnel n’est pas une fatalité et Jonathan Clauss en est une nouvelle illustration. A 29 ans, celui qui n’a pas pu percer à Strasbourg, son club formateur, et qui a connu pendant plusieurs années le milieu amateur (Vauban-Strasbourg, Linx en 5e division allemande, Raon-L’Etape,  Avranches avant la Ligue 2 et Quevilly-Rouen pour un premier contrat pro à 24 ans, puis la Bundesliga 2 avec Bielefeld) voit se matérialiser ce statut qu’on lui décerne souvent : celui d’un joueur qui compte parmi les meilleurs spécialistes français dans son registre de piston droit. Si les portes de l’équipe de France semblaient fermées dès lors que Didier Deschamps s’appuyait sur une défense à 4, la transition vers un 3-5-2 rendait sa venue de plus en plus évidente, tant ses performances ont été régulièrement à la hauteur des attentes depuis son arrivée en France. Déjà en 2019-2020, il avait contribué à la montée de Bielefeld en Bundesliga. Arrivé gratuitement au RC Lens, dans un anonymat quasiment complet au niveau hexagonal, il a su poursuivre cette trajectoire. Il a très vite pris la mesure de son poste de piston droit dans le système de Franck Haise. Il était taillé pour et il a confirmé cette saison. Malgré une période plus creuse pendant l’hiver, il a su s’en relever et se trouve toujours à la lutte avec des monstres comme Kylian Mbappé ou Lionel Messi au classement des passeurs (9 passes). Il a aussi démontré sa capacité à se montrer efficace devant le but avec 4 réalisations. Aujourd’hui, on le décrit comme un joueur enthousiaste mais aussi travailleur et très exigent.

Et maintenant, objectif Mondial ?

Soutenu depuis plusieurs mois par un élan populaire du côté de Lens avec la création du hashtag ClaussEnEdf sur les réseaux sociaux, il n’a pas caché avoir été un moment déstabilisé par cette évolution des choses. Mais entre ses performances régulières sur le long terme, le passage des Bleus en 3-5-2 et une concurrence pas forcément impériale actuellement (le Lyonnais Léo Dubois traverse une période creuse), il se voit désormais récompensé. Personnage entier, frais, brut de décoffrage et particulièrement généreux sur le terrain, il va désormais devoir démontrer au niveau international, si Didier Deschamps lui laisse le temps de s’exprimer, qu’il est capable de suivre à cette échelle dans les efforts et de se montrer aussi dangereux. A Lens, il n’a certes jamais jouer en Coupe d’Europe mais on l’a vu briller plus d’une fois contre des équipes d’envergure européenne. On aura peut-être la chance de le voir expédier ses centres du droit décisif vers Karim Benzema ou encore Antoine Griezmann. Et pourquoi pas tracer sa route vers le Mondial au Qatar en fin d’année. Pour la cellule de recrutement et Florent Ghisolfi qui ont eu le flair de sauter sur lui alors qu’il était libre à Bielefeld, pour Franck Haise et son staff qui ont contribué à polir le joyau, pour le RC Lens qui n’avait plus vu un joueur connaitre sa première sélection en A sous ses couleurs depuis 18 ans (Alou Diarra de 2004 à 2006), il s’agit déjà forcément d’une grande fierté.

Christophe Schaad

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