A l’occasion de la trêve internationale, Lensois.com a eu l’occasion d’échanger avec Romain, supporter des Sang et Or et ancien grand habitué de la Marek exilé au Japon. Un autre continent, une autre culture, un autre fuseau horaire… mais une passion intacte. 

9 500 kilomètres : c’est à vol d’oiseau la distance qui sépare Tokyo de Bollaert. Et donc Romain, supporter lensois de 37 ans parti mener sa carrière professionnelle au Japon il y a 14 ans, d’une tribune Marek qu’il a tant fréquentée. Habitant d’Aire-sur-la-Lys, Romain s’intéresse à l’Asie de l’Est alors qu’il est étudiant dans le domaine du commerce international. Un échange universitaire au Japon en 2003, ainsi qu’un stage en Chine, accentuent son attrait pour l’Asie. En 2007, il décide de rejoindre Tokyo où il trouve un travail et officie aujourd’hui en tant qu’acheteur pour une entreprise dans le commerce de détail. Mais pas de quoi lui faire oublier les Sang et Or.

Heureux papa d’une petite fille de 6 mois, Romain n’a pas laissé de côté sa passion. Et tant pis si suivre le RC Lens de si loin n’a rien de pratique. Que ce soit en Ligue 2 ou désormais en Ligue 1, Romain passe par tous les moyens à sa disposition pour suivre l’actualité du Racing et les matches même si le club est bien peu exposé au Japon : radios en version web, Lensois.com, diffusion télévisée sur internet… mais surtout, il s’agit d’être au rendez-vous à des heures peu habituelles pour suivre un match. Le différé n’est visiblement pas le truc de Romain. En France, on s’habitue à des rencontres programmées le plus souvent en journée, même si le RC Lens est de plus en plus diffusé à 21h. Pour Romain, hormis quand le RC Lens est programmé à 13h et donc à 21h chez lui, il faut s’adapter avec des horaires très tardifs…ou très matinaux, c’est selon, comme il nous l’explique : « En ce moment, il y a 8 heures de décalage avec la France (ndlr : il n’y a pas de changement d’heure au Japon), donc quand j’ai de la chance, les matches démarrent à 21h ou 23h, et à 5h du matin quand j’en ai un peu moins… Mais ça ne me décourage pas pour autant ! » Pour un match qui serait programmé à 17h, cela l’amènerait donc à 1h du matin.

Le Japon, pays où Reims et Lens se confondent

En outre, difficile pour lui de partager sa passion sur le plan humain. Au Japon, la Ligue 1 est surtout connue à travers le PSG et ses stars ainsi que quelques clubs comme Lyon, l’OM ou Monaco. Le simple fait d’expliquer à ses connaissances japonaises que son club de cœur est le RC Lens n’a rien d’aisé, pour une drôle de raison : « A mon premier séjour au Japon en 2003, Lens était très connu car nous étions en Ligue des Champions, j’avais même trouvé des maillots du club à vendre dans les magasins de sport. Maintenant que nous avons été un peu loin du devant de la scène européenne pendant longtemps, le souvenir de notre club s’est beaucoup estompé chez les Japonais, accentué par le fait que Reims, qui est revenu en Ligue 1 avant nous, s’écrit de la même façon en japonais que Lens… Donc je mets un peu de temps avant de pouvoir faire comprendre quel est mon club de cœur ! » Sans surprise, les supporters du RC Lens se font rares au Japon : « En 14 ans, je n’ai rencontré que 2 supporters revendiqués du Racing. Difficile de trouver ici des gens de la région et qui aiment le foot de surcroit… J’en profite pour les saluer, Fred de la section Lens Collectif Est et Pierre-Yves ! »

Heureusement, Romain a l’occasion de revenir à Bollaert, puisqu’il a l’habitude de retourner en France pour les fêtes de fin d’année. Dur de vivre loin de l’antre des Sang et Or : « Bollaert me manque en permanence ! Je me débrouille toujours pour voir au moins un match à Bollaert. Comme j’ai été abonné en Marek pendant plusieurs années, c’est elle qui me manque le plus mais malheureusement il m’est impossible d’y revenir car toujours pleine pour les abonnées. » En attendant de retrouver les Sang et Or de visu, Romain fréquente les stades japonais. Il s’est pris d’affection pour le club d’Oita Trinita (ndlr : actuellement 18e de J-League), connu lors de son passage au Japon en tant qu’étudiant : « Les ultras japonais chantent en général pendant 90 minutes et c’est vraiment agréable de regarder un match en tribune. Il y a 2 choses qui m’ont surpris dans le foot japonais : je suis déjà tombé sur des groupes de supporters distribuant des tracts dans les tribunes avec les paroles des chants pour ceux qui ne les connaissent pas. Puis le fait qu’à domicile ou à l’extérieur, les joueurs viennent saluer solennellement (en s’inclinant) leur public qu’importe le résultat. Et ils se font copieusement huer quand le résultat n’est pas favorable. Par contre le niveau du football au Japon ne me donne pas l’impression d’aller en s’améliorant et cela se reflète sur les performances des équipes nationales. » Pour ce qui est de la qualité de jeu, Romain peut donc d’autant plus se réjouir des prestations du RC Lens cette saison. Même à distance !

Christophe Schaad