« Ça fait 10 ans que ça dure », relevait le président du RC Lens Gervais Martel après l’horrible scénario de la soirée de vendredi qui a vu son club terminer à une décevante 4e place, synonyme de maintien de Ligue 2. Retour sur 10 années durant lesquelles le terrain a trop souvent réservé plus de mauvaises que de bonnes surprises au public Sang et Or, 10 années durant lesquelles les quelques moments de bonheur ont souvent devancé l’inquiétude et la déception.
Le 26 mai 2007 : Troyes-RC Lens (3-0, 38e journée de Ligue 1) :
Le point de départ de tout. Le RC Lens est en course pour une qualification en Ligue des Champions depuis le début de la saison. Il est encore 3e au coup d’envoi d’un match à jouer chez un Estac déjà relégué. Mais les Lensois prennent une véritable gifle, avec une expulsion du latéral gauche Marco Ramos dès la 35’ alors que le score est déjà de 1-0. Le Racing, sur le podium presque toute la saison, se retrouve 5e et n’est même pas directement qualifié pour la Coupe de l’UEFA. Dans la foulée, Francis Gillot démissionne pour être remplacé par Guy Roux…
La saison 2007-2008 : la relégation et l’accident industriel :
Une saison totalement hors de contrôle. Guy Roux, l’entraîneur emblématique d’Auxerre, est sorti de sa retraite par Gervais Martel. Un recrutement conséquent est opéré et réclamé par le technicien qui laisse finalement tout en plan au bout de seulement 5 journées après une défaite 2-1 à Strasbourg estimant qu’il ne pouvait pas atteindre les objectifs demandés selon ses propres propos depuis. Après avoir misé sur une très forte expérience, le RC Lens mise quelques semaines plus tard sur le beaucoup moins expérimenté Jean-Pierre Papin. Le technicien a toutefois pour lui d’avoir su faire monter Strasbourg en Ligue 1 en un an. Ce dernier fait ce qu’il peut avec un effectif qu’il n’a pas construit. Les résultats s’améliorent un peu au début mais cela reste difficile. On l’associe alors à Daniel Leclercq, nommé directeur technique, durant l’hiver. La sauce ne prend pas du tout entre les 2 hommes. Comme le RC Lens n’a pas de chance en plus d’enchaîner les mauvais choix, Loïc Rémy, prêté par Lyon en janvier et révélation, se blesse, n’étant pas là pour les dernières échéances. Aruna Dindane connaitre des pépins aussi. Le RC Lens descendra et en trainera les conséquences financières comme un boulet pendant des années.
Le 29 mars 2008 : RC Lens-Paris-Saint-Germain (1-2, finale de la Coupe de la Ligue) :
S’il y a au moins une chose de réussie dans cette saison 2007-2008, c’est bien le parcours en Coupe de la Ligue. Au milieu de cette galère, le club a la possibilité de gagner un titre. Les Lensois atteignent la finale face à un PSG également en difficulté. Une énorme banderole des supporters parisiens « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis » sortie au Stade de France déclenchera une très vive polémique. Et fera oublier au passage que le RC Lens perd cette finale à la dernière minute sur un penalty très litigieux concédé par Vitorino Hilton sur Pegguy Luyindula. Quand rien ne va…
2009-2011 : la remontée immédiate… sous contrainte, puis la relégation :
Les supporters du RC Lens ont quand même droit à quelques moments de bonheur dans cette décennie. Emmené par Jean-Guy Wallemme, le Racing ne reste qu’un an en Ligue 2, remontant immédiatement avec un titre de champion de l’antichambre. Problème, le RC Lens traine encore les pertes d’argent engendrées par la descente inattendue de 2008. La DNCG veille au grain et le recrutement pour retrouver la Ligue 1 est très limité. Seul Eduardo arrive. Une bonne affaire quand même. Bien joué. Le club se maintient sereinement la première année mais la DNCG surveille toujours le RCL et la dynamique se brise lors de la suivante. Le Racing doit se contenter du renfort de Grégory Sertic en prêt durant cette 2e saison en Ligue 1. Faute de nouveaux visages, le groupe s’essouffle, la sauce ne prend plus, les mauvais résultats s’enchainent. Jean-Guy Wallemme estime ne plus être l’homme de la situation. Il est remplacé par un Laszlo Bölöni qui ne laissera pas de bons souvenirs. On dit que le RC Lens n’avait plus que cette saison là à passer pour sortir la tête de l’eau et retrouver des moyens financiers pour aller de l’avant. Il échoue donc dans la dernière ligne droite…
2014-2015 : la remontée amère, le maintien impossible :
Après la descente en 2011, le RC Lens enchaîne les saisons fades en Ligue 2 et connait, sur le côté du terrain, des tumultes avec le départ de Gervais Martel et la prise en main du Crédit Agricole Nord de France, nommant Luc Dayan président. En 2013, Gervais Martel revient épaulé par Hafiz Mammadov, riche homme d’affaires azerbaïdjanais. Le RC Lens retrouve de l’ambition. L’homme injecte de l’argent, 20 millions d’euros tout de même, le projet est concret et non sans mal, le Racing emmené par Antoine Kombouaré remonte. Mais dès la montée, on sait qu’en raison des travaux pour l’Euro 2016, le RC Lens ne pourra pas jouer à Bollaert. Il ira finalement jusqu’à Amiens, faute de pouvoir trouver du soutien chez ses voisins. Puis Hafiz Mammadov devient un actionnaire fantôme. C’est l’inquiétude pendant des semaines et l’on se demande si le club pourra bien jouer en Ligue 1. Ce sera le cas. A l’arrachée et sans pouvoir recruter. Le maintien devient mission impossible avec un effectif affaibli par rapport à celui qui a obtenu la montée. En coulisses, il faut gérer les inquiétudes sur les finances. Retour en Ligue 2 au bout d’un an…
Le 19 mai 2017 : RC Lens-Niort (3-1, 38e journée de Ligue 2) :
Le RC Lens peut enfin renouer avec la sérénité et l’ambition grâce à ses actionnaires Solferino et l’Atletico Madrid, après une saison de Ligue 2 encore bien pénible en coulisses. La DNCG n’est désormais plus un problème, les actionnaires sont régulièrement présents à Bollaert et ils veulent monter sous 2 ans. Alain Casanova annonce avec courage dès sa nomination qu’il veut monter tout de suite et tout le club se prend au jeu. Il y a des hauts et des bas mais la saison se déroule de façon assez calme, sans polémique sur le plan extrasportif et cela fait du bien. Mais sur le terrain, le RC Lens est toujours maudit. C’est encore tout frais et on n’est pas prêt d’oublier. A 2 minutes de la fin, les Sang et Or sont directement en Ligue 1. Mais Troyes, mené 2-0 à Sochaux, marque le but de la victoire à la 88’ faisant glisser le Racing en barrage… jusqu’au but à la 96’ qui permet à Amiens de s’imposer 2-1 à Reims et de monter en reléguant le Racing à la 4e place. Celle que personne ne veut, et il va maintenant falloir se relever de cette énième gifle.
Christophe Schaad