La saison n’est pas terminée mais on sait déjà qu’elle rejoindra la collection des éditions à oublier mais qu’on n’oubliera pas… Edito.

Mais qu’ont fait les amoureux du RC Lens pour devoir vivre en permanence des moments si éprouvants ? On pouvait croire que le club en avait terminé avec les problèmes extra-sportifs après le départ d’Hafiz Mammadov la reprise du club par Solferino rimant avec la fin des inquiétudes à chaque passage devant la DNCG. Après une respiration la saison dernière, tout de même marquée par un dénouement cruel sur le plan purement sportif parce que ceux qui rêvent d’un RC Lens à la fête n’allaient pas non plus s’en sortir comme ça, 2017-2018 a réservé une édition qu’on n’est pas prêt d’oublier. L’affaire Nicolas Douchez, puis l’affaire Brice Dja Djédjé, puis maintenant l’affaire Souleymane Diarra-Abdellah Zoubir-Abdelrafik Gérard contre Guillaume Kaznowski… On se gardera bien d’émettre un quelconque jugement alors que seul le cas du premier a été réglé par un tribunal, d’autant plus quand, concernant la dernière affaire, les différentes versions qui peuvent remonter se contredisent. Mais cela reste autant de dossiers venus parasiter la vie d’un groupe qui n’avait franchement pas besoin de ça.

Au regard des résultats actuels, on peut toujours se questionner sur les responsabilités d’Eric Sikora, mais on peut aussi poser la question de l’impact de ces évènements sur le travail du secteur sportif dans son ensemble et être même presque admiratif du calme que le technicien peut afficher face aux évènements, en tout cas face aux micros et caméras. On avait dit lors de l’intronisation du nouveau staff en août que ce n’était pas forcément un cadeau. Parce que dès la préparation estivale, ça sentait les gros soucis et que les premiers matches officiels n’ont fait que le confirmer entre un mercato complètement raté (hormis Mouaad Madri qui a vite pris la route de l’infirmerie pour toute l’année) et des joueurs que l’on ne sentait absolument pas remis de l’échec de la saison passée. Puis les choses ont fini par s’améliorer, mais il a fallu encaisser un paquet de coups durs en plus de cette série initiale de 7 défaites en 7 journées impossible à effacer. Les blessures, assez fréquentes, c’est la vie d’une saison de nombreuses équipes. Mais ces affaires extra-sportives, ces joueurs qui se chauffent sur le terrain devant tout le monde (Brice Dja Djédjé contre Souleymane Diarra lors de RC Lens-Troyes), moins. Autant d’épisodes polluants et inattendus, jamais pris pour excuse par le staff, qu’un club ne devrait pas avoir à gérer alors qu’il y a tant de travail à fournir pour bonifier l’équipe. D’autant que le dernier en date vient perturber le quotidien de 2 titulaires réguliers.

Aujourd’hui, il faut espérer que tous ces joueurs, impliqués dans des affaires ou non, qui ont montré du caractère dos au mur par le passé mais qui ont semblé plus fragiles que jamais face à l’énorme fronde d’un public désabusé lundi contre Bourg-en-Bresse avec des gestes peu sûrs, vont savoir se révolter. Après 5 matches sans victoire à Bollaert en Ligue 2 mais un parcours à l’extérieur vierge de défaite en 2018, le maintien pourrait se jouer en déplacement. D’abord on se dit qu’avec un public comme celui de Bollaert, c’est bien dommage d’en être à le penser. On se dit aussi que ça l’est d’autant plus que 4 matches à l’extérieur contre 5 à domicile restent à jouer, mais qu’en prime la prochaine rencontre en dehors de l’Artois, ce sera à Reims, leader avec 11 points d’avance. Autant dire que les 3 maigres points de plus qu’il reste sur la place de barragiste seront à défendre avec tempérament.

Des points à prendre très vite et un public à reconquérir

Si Eric Sikora nous faisait remarquer avant le match contre Bourg-en-Bresse que la solidité défensive que l’on évoquait par les chiffres aurait pu être mise à mal plus d’une fois sans un très bon Jérémy Vachoux, on constate tout de même que pour un 15e, le RC Lens n’a pas souvent pris le bouillon dans le jeu cette saison. Ce match à Reims n’est pas perdu d’avance et sera un bon test pour mesurer l’état d’esprit des joueurs lensois face à une situation qui s’est grandement dégradée alors que le match de lundi aurait pu lui permettre de faire un vrai pas vers le maintien. Il faudra être solide, et aussi enfin régler ces fameux problèmes offensifs qui gangrènent la saison, alors que le staff semble encore se chercher sur la meilleure formule à adopter avec des joueurs en crise de confiance. Il va falloir prendre des points dans l’immédiat, trouver la solution aussi à Bollaert car de nouveaux échecs ne feront qu’attiser le courroux de supporters dont le club a tant besoin. Le mauvais parcours à domicile ne peut pas être vécu comme une fatalité et il faudra y trouver les solutions. Il faut reconquérir ce public désabusé.

Soyons honnête, après la victoire 2-1 à Quevilly-Rouen, on faisait partie de ceux qui pensaient que le RC Lens allait doucement mais sûrement construire son maintien et pouvoir se permettre une fin d’exercice plus relâchée. Mais tout a volé en éclat et la menace d’une descente parait au contraire plus forte que jamais cette semaine. La dynamique, la prestation contre Bourg-en-Bresse, le climat général, font qu’on a plutôt l’impression qu’il faudra trembler jusqu’au bout. Les Sang et Or ont prouvé qu’ils pouvaient se ressaisir. Ils sont revenus de très loin en début de saison. Mais après ces mois éprouvants sur tous les plans, tout le monde aura-t-il le jus, l’influx nerveux nécessaire jusqu’au bout ? On ne peut que s’interroger, s’inquiéter. La gronde des supporters va-t-elle provoquer un électrochoc ? C’est à double-tranchants. Les joueurs vont-ils vouloir montrer qu’ils valent mieux que ce que laissent supposer les banderoles ou se laisser écraser par les enjeux et les reproches ? Le match de samedi mais aussi les retrouvailles à Bollaert contre Châteauroux apporteront beaucoup de réponses.

En attendant, certains supporters réclament le départ d’Eric Sikora pour la prochaine saison même s’il a été épargné jusqu’ici par Bollaert. Alors que l’objectif qui lui était confié était le maintien et qu’il vient d’être confirmé pour la suite par Arnaud Pouille, la logique mécanique voudrait que s’il n’est plus sur le banc la saison prochaine, c’est que le dénouement du championnat 2017-2018 aura rendu le peuple lensois encore plus triste que celui de 2016-2017. On va donc plutôt espérer un maintien suivi d’un été enfin mieux géré, sans histoire, avec un mercato qui ne nécessite pas une multitude de corrections compliquées ainsi qu’une préparation effectuée dans la sérénité. Une sensation qui commence à manquer.

Christophe Schaad