Attaquant du RC Lens, Kévin Fortuné a retrouvé le chemin des filets d’une panenka sur penalty vendredi à Niort (2-2, 33e journée de Ligue 2). Il n’avait pas encore marqué en 2018. Une bonne chose pour le joueur, parfois visé par les critiques au coeur d’une saison qu’il ne cache pas être usante pour tout le monde.

Lensois.com : Kévin Fortuné, vous venez de marquer votre premier but de l’année 2018 à Niort, dans une période difficile pour l’ensemble des attaquants lensois. Comment avez-vous vécu cette période sans ?
Comme tout attaquant, on se met à cogiter. Mais j’ai bénéficié de la confiance du staff qui m’a beaucoup aidé, de la famille qui est autour de moi. Cela aide à rester en confiance et ce but fait bien mentalement. Quand on est attaquant, dès qu’on ne marque plus, on cogite, on est critiqué… Le coach est derrière nous. Il nous adresse des paroles positives pour que la confiance revienne. Avec Daniel Moreira et Philippe Lambert, ils nous en apportent beaucoup. Vu le nombre d’occasions que nous obtenons, la qualité est là offensivement. J’ai marqué cette fois et je pense que les autres vont suivre derrière.

N’êtes-vous pas impatient que cette saison difficile se termine rapidement ?
Je ne dirais pas que nous souhaitons qu’elle se termine. Mais nous voulons être soulagés de cette saison très difficile, que ce soit pour les joueurs ou le staff. Ce fut une saison éprouvante physiquement et mentalement. Nous voulons nous maintenir pour nous soulager. Ensuite, il faudra faire des matches corrects avec la notion de plaisir.

« Quand je finis un match, je suis mort »

Avez-vous l’impression d’apprendre de cette saison autant que de la précédente ?
Ce sont 2 saisons différentes. Auparavant, j’avais déjà été amené à jouer le maintien, notamment avec Béziers lors de ma première année en National. Je sais à quoi m’attendre, mais ici, on est dans un monde professionnel où cela demande beaucoup plus de travail, d’efforts. Il n’y a pas les mêmes critiques qu’en National. C’est éprouvant. Quand vous rentrez chez vous, vous êtes cuits. Les gens vont dire que nous ne faisons que du foot avec des séances de 2 heures, mais il faut connaitre les charges de travail que nous avons pour obtenir le maintien, les efforts fournis en match. Mentalement, ça use. Personnellement, quand je finis un match, je suis mort. A Niort, je suis sorti au bout de 70 minutes pour ça. Mentalement, ça joue sur vous, vous ne voulez pas perdre et en même temps, il faut gagner. Physiquement et mentalement, c’est très éprouvant.

Comme vous l’avez expliqué, vous êtes amené à subir des critiques. Avez-vous dû apprendre à le gérer alors que vous n’êtes pas installé dans le monde professionnel depuis longtemps ?
J’ai appris à le gérer. J’ai la chance d’avoir un agent qui est constamment avec moi pour me dire quand c’est bien ou pas. Après je fais mon autocritique. Je sais quand je joue bien ou non, je n’ai pas besoin de l’avis des médias ou autre. Et quand quelque chose ne va pas, j’ai toujours le coach qui est très franc, me regarde droit dans les yeux pour me dire que j’ai merdé et qu’il faudra rectifier le tir. Peu importe ce que les gens disent, tant que ma famille est la pour me soutenir ou les vrais supporters qui m’envoient des messages réconfortants. Je les remercie. Ceux qui m’insultent, ça me passe au dessus, mais je prends les critiques des autres pour voir si c’est en accord avec ce que je pensais. Parfois, c’est le cas et ça permet de travailler certains aspects la semaine. Puis le week-end, si on arrive à corriger, ces gens là vont vous saluer. Ça permet d’apprendre et c’est bien.

Propos recueillis par Christophe Schaad