Le Arsenal-RC Lens de 1998 restera à jamais gravé dans les mémoires collectives des supporters du RC Lens. Un exploit considérable et une victoire 1-0 grâce à un but de Mickaël Debève à Wembley qui ouvrait la possibilité d’une qualification en quarts de finale de Ligue des Champions. Toutefois, le match restera également dans les mémoires à cause du rouge reçu par Tony Vairelles en fin de partie suite à une simulation de Lee Dixon. 25 ans après, Lens se déplace à nouveau à Arsenal avec toujours l’expoir de se rapprocher d’une qualification historique. Avant cette rencontre, Tony Vairelles est revenu sur le match de 1998, une blessure profonde pour l’ancien attaquant lensois.

Lensois.com : Bonjour Tony Vairelles, que retenez-vous de ce fameux match entre Arsenal et le RC Lens en 1998 ?
Personnellement, j’en ai un mauvais souvenir. C’était un super souvenir pour l’équipe car c’est la première victoire française à Wembley, surtout en Ligue des Champions. Mais, pour moi, il reste quelque chose en travers de la gorge car je suis expulsé à la dernière minute de jeu à cause d’une personne qui simule. Lee Dixon arrive derrière moi, me donne un coup d’épaule et tombe par terre. Toute ma vie, je l’aurais en travers de la gorge. Il faut désormais vivre avec son temps, oublier, mais tu te dis « Tu as la chance de jouer ici contre Kiev… Si je suis sur le terrain, peut-être que Fred (Dehu) ne se fait pas expulser dès le début (6e minute) et à 11 contre 11 pendant 90 minutes, on a plus de chances de se qualifier. C’était peut-être un quart de finale contre le Real Madrid. Toute sa carrière peut changer et prendre une autre dimension. Et pour le club, faire un quart de finale de la Ligue des Champions… cela aurait été extraordinaire. On le méritait.

Y avait-il un contrat sur votre tête lors de ce match ?
Oui, je le pense. Je peux l’expliquer par plusieurs choses. Dès le début, c’était des coups malsains, des coups de pointus dans les mollets par exemple. Avec Martin Keown, je suis par terre et il me tire les cheveux. Je suis obligé de le montrer à l’arbitre. Parlour n’a pas arrêté de me « chicaner » et moi je suis resté calme car je savais, qu’au moindre truc, je risquais un carton. Quant à la fin, il y a la cerise sur le gâteau, il y a quelqu’un qui te pousse, qui simule, toute l’équipe d’Arsenal qui débarque sur toi et l’arbitre, qui sans rien demander à ses assistants, te sort un carton rouge… J’étais tellement écoeuré du match que j’ai subi. Je ne voulais pas sortir de mon match et, à la fin, je me rappellerais toujours de ma réaction : Je regarde le tableau d’affichage et je vois 89e minute et je me dis « C’est pas possible ». J’étais dépité.

« Rencontrer Dixon ? Bien sûr ! »

Aimeriez vous revoir Lee Dixon pour évoquer cette action ?
Bien sûr. Savoir pourquoi ? Il avait quoi à gagner ? C’était la fin de match. A-t-il fait ça car il était dégouté de perdre un match ? Car ils étaient humiliés ? Je ne sais pas, j’aimerais lui demander. Ce n’était pas la première fois qu’il simulait pour faire sortir un joueur. Pourtant, ce n’était pas lui le plus agressif du match. Au match aller, c’était plutôt calme.

Désormais avec la VAR, ce genre de comportement n’aurait pu lieu d’être…
Vous savez, ce qui est honteux dans cette histoire, c’est le geste de Lee Dixon bien sûr, mais le coach français d’Arsenal (Arsène Wenger) savait le geste de son joueur, il l’avait vu… Il aurait pu appuyer en commission, il n’a rien fait. On nous a laissé venir à l’UEFA pour s’expliquer. J’ai parlé devant 25 mecs qui traduisaient en temps réel. J’ai parlé avec mon cœur, des valeurs de foot etc… et à la fin, on me dit : « Vous avez pris qu’un match donc l’appel est irrecevable ». Pourquoi s’être déplacé alors ? C’était de l’hypocrisie.

Quand vous voyez Arsenal maintenant, vous avez toujours cette blessure en vous ?
Quand j’ai vu que Lens battait Arsenal, j’étais comme un fou devant mon écran. J’étais le premier à être heureux. Mais je n’ai pas envie d’aller à l’Emirates pour le retour. On m’avait toujours dit que le championnat d’Angleterre était un championnat de gentlemen, mais après ça, je n’avais plus envie de rejoindre l’Angleterre. Je ne peux pas m’enlever ça de la tête. J’ai vécu une injustice.

Propos recueillis par Mickaël Nys

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