Yannick Cahuzac a annoncé mardi qu’il allait mettre un terme à sa carrière de joueur à l’issue de la saison, avec la volonté de s’orienter vers une expérience d’entraîneur. Mine de rien, c’est une importante de l’histoire du RC Lens qui se tourne.

Le 20 avril dernier, lors de RC Lens-Montpellier, apparaissait un message fort : « Vous incarnez les valeurs du bassin minier », pouvait-on lire sur une banderole déployée en Marek. Sur le terrain, aucun des joueurs alignés ce jour-là n’est pourtant issu du bassin minier. Une façon pour les supporters de dire aux hommes de Franck Haise qu’ils ont su se montrer à la hauteur des valeurs lensoises, d’où qu’ils viennent. Lorsque nous avons lu ce message, l’un des premiers qui nous est venu à l’esprit est Yannick Cahuzac. Lui le Corse, né à Ajaccio à près de 1000 kilomètres à vol d’oiseau, à l’autre bout de la carte, et qui depuis 3 ans joue un rôle énorme dans le renouveau du RC Lens. Lui le milieu de terrain qui avant d’arriver en Artois à 34 ans n’avait jamais défendu les couleurs d’une ville située au-dessus de la Loire. Si on aime souvent opposer les mentalités d’une région à une autre, du Sud au Nord, de l’Est à Ouest, Yannick Cahuzac, à l’instar de son ami de longue date Jean-Louis Leca, a démontré à quel point les valeurs peuvent pourtant être communes malgré la distance.

Car Yannick Cahuzac est l’archétype du joueur lensois tel qu’on aime le décrire quitte à tomber dans les clichés : généreux, besogneux, l’esprit toujours tourné vers l’esprit collectif et la solidarité, sûr comme en dehors du terrain comme l’a démontré son investissement pour diverses causes. Depuis janvier et l’arrivée de Patrick Berg, le temps de jeu de celui qui reste le capitaine même si Seko Fofana est celui qui le porte le plus souvent, a fondu. Cela fait un moment que l’on sait que sa sortie approche, à 37 ans et à l’approche de la fin de son contrat, mais on le voit toujours, victoire après victoire, savourer avec la même intensité que lorsqu’il était un titulaire fréquent. On nous a maintes fois fait part de son professionnalisme indéfectible au quotidien, notamment pour pousser dans leurs retranchements Seko Fofana et Cheick Doucouré.

Tout cela, on ne l’a pas vraiment découvert. On savait que du côté de Toulouse, on était assez dépité du départ du joueur pour Lens en 2019. Pourtant, il y a un point sur lequel l’ancien bastiais n’a pas été à la hauteur de sa réputation… et c’est pourtant celle à laquelle il a trop souvent été réduit : celle d’un joueur parfois difficilement contrôlable sur le terrain, trop impulsif et enclin à vous laisser en infériorité numérique. Nous mêmes, nous avons rapidement souligné à son arrivée le nombre de cartons jaunes et surtout rouges (numéro 3 de l’histoire derrière Cyril Jeunechamp et Cyril Rool) empilés par le milieu avant son arrivée à Lens. Au final, en 3 ans, Yannick Cahuzac n’a certes pas échappé à une bonne poignée de cartons jaunes (22 en 63 matches de championnat) mais il n’a été expulsé  que 2 fois, avec une saison vierge à ce niveau en 2020-2021 malgré 30 apparitions en Ligue 1 dont 26 comme titulaire, prenant d’abord un rouge le 29 novembre 2019 pour avoir participé à une échauffourée sur la pelouse d’un Valenciennes-Lens bouillant, avant d’en prendre un autre sans être sur le terrain pour contestation depuis le banc le 6 février dernier à Lorient. Les vieux démons ont parfois ressurgi, il n’a sans doute pas été toujours facile de les contenir et espérons d’ailleurs que les 2 derniers journées ne viendront pas gâcher les adieux alors que les arbitres ont le carton rouge contre Lens assez facile actuellement. Mais malgré quelques moments de matches tendus, qui retiendra de Yannick Cahuzac l’image d’un joueur trop agressif et déraisonnable à Lens ? Tout comme de Cyril Rool, arrivé de Bastia avec une réputation sulfureuse (et qui a continué de prendre quelques rouges à Lens), mais dont on avait surtout envie de se rappeler d’un très beau pied gauche à son départ, on se souviendra surtout que Yannick Cahuzac a été l’un des moteurs du retour en Ligue 1 et de ces 2 belles saisons de Ligue 1. Un ciment que ses successeurs se devront maintenant d’entretenir.

Christophe Schaad